J'ai lu les trois derniers textes. Je vais débuter en disant que ce n'est pas du tout mon genre, même que c'est exactement le genre de trucs que mes collègues du DEC en création littéraire écrivaient et qui me donnait des envies de meurtre.
Mais évidemment, simple question de goûts. Ça ne veut pas dire que c'est mauvais, seulement que je ne suis absolument pas fan de ce genre. Je ne suis pas fan de grand chose non plus, alors en partant, c'est pas facile de me plaire.
Pour y aller avec des commentaires constructifs, je débute en disant que ta plus grande force est aussi ta plus grande faiblesse. Je suis prêt à parier, en lisant tout ça, que tes textes sont écrits de façon très spontanée, sur l'impulsion du moment, et c'est une excellente chose, car on sent que tes textes viennent du coeur et que tu es capable de transformer toute la puissance de tes émotions en textes. Avec un peu de chance, tu sauras attirer des lecteurs qui vivent des situations semblables et qui, en te lisant, ne pourront s'empêcher de dire "on dirait que j'ai écrit ça". Tes textes sont vrais.
Seulement, la grande faiblesse de cette muse un peu capricieuse, c'est qu'elle nous donne parfois l'impression que les émotions qu'on transmet sur papier deviennent claires, concises ou encore dignes d'en faire un texte. C'est ce que j'appelle moi-même le "vomi littéraire", ces textes qu'on régurgite même si on en a pas vraiment envie et qui donnent ce qu'ils veulent bien donner. Parfois, mes vomis littéraires deviennent mes meilleurs textes, mais il arrivent aussi qu'ils ne soient absolument pas dignes de mention.
En gros, un auteur qui écrit comme tu le fais risque d'avoir de très hauts hauts et de très bas bas. On ne choisit pas comment on écrit, car on ne choisit pas comment on vit. Seulement, n'hésite pas à aller chercher la poésie qui te caractérise dans tes textes plus "vomis" et moins travaillés, à les embellir. Ton dernier texte, par exemple, me semble (attention, j'y vais peut-être un peu fort) écrit d'un coup, sous l'impulsion du moment, dénué de poésie, comme un gros steak cru. Ton avant-dernier, à l'inverse, est relativement simple, mais tu arrives à y ajouter une ambiance, un mystère qui, même s'ils ne sont pas assez étoffés à mon goût, laissent une impression sur le lecteur. C'est ce que tu veux. Le lecteur doit se souvenir de ton texte, pas en mal, mais pas nécessairement en bien non plus. Tu veux saisir ses émotions, le forcer à se rappeler de cette histoire de bus écrasé et de ce mort confus qui semble incertain de ce qu'il devient.
Bonne chance, Rose Burton.