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Auteur | Message |
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| Sujet: Le bazar de Rose Jeu 8 Oct 2009 - 22:38 | |
| Un grand bazar ^^ Je vais poster les kits de ma création à la suite de ce message. Les kits de mes personnages seront séparés, car je serais incapable de tout recoller ensemble XD. Mais ceux réalisés pour d'autres personnes seront "entiers". Vous trouverez plus loin quelques poèmes de mon cru, et probablement bientôt des nouvelles (dont l'une qui date d'il y a un an ^^). Commandes & cadeaux : - Spoiler:
Il n'y a pas d'ordre vraiment chronologique, pour la simple et bonne raison que parfois, en hébergeant un kit, il me prend l'envie d'en héberger un autre plus ancien n.n.
Dernière édition par Rose Noctalis le Sam 27 Mar 2010 - 23:17, édité 49 fois |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Ven 9 Oct 2009 - 8:54 | |
| C'est joli! Pas tout pigé, mais j'aime bien! |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Dim 1 Nov 2009 - 0:13 | |
| ( 300 ans plus tard >//////<) Merci ^^ Je voulais afficher mes poèmes ET mes nouvelles, avec mes créations en plus, mais ça ne rentrait pas. Alors, je vais me servir de ce post pour tout ce qui est poèmes! J'utiliserai le prochain pour poster mes nouvelles. Poèmes : Regards imparfaits - Spoiler:
Dans ce monde imparfait Tous ces regards méprisants Tous ces caractères laids et méchants Me donnaient envie de m'en aller
Vils accusateurs du mensonge Les rumeurs infondées Par l'ennui, créées Ont fait tomber plus d'un ange
Fort heureusement quelqu'un m'a trouvée Depuis l'heure il occupe mon coeur Avec le sien qui jamais ne meurt Cette relation exquise ne cesse de me hanter
Ensemble, brisons les interdits Faisons tomber les masques Ignorons toutes ces frasques Ainsi que tout ce qui a été dit
Mon coeur bat à toute allure Mon corps est en pleine surchauffe Stupides morceaux d'étoffe Qui pourtant auraient de l'allure
J'en suis certaine à présent, je l'aime J'ai peur pourtant, de faire un faux pas C'est uniquement pour lui que mon coeur bat C'est le début d'une nouvelle ère
A ses côtés j'oublie tout Les soucis s'envolent, ils me laissent enfin tranquille Il n'y a qu'avec lui que je me sens vraiment en vie Il sait comment m'emmener loin de tout
Dans ce monde cauchemardesque j'ai trouvé ma moitié Il est la drogue sans laquelle je ne peux vivre J'en suis dépendante, de lui devenue ivre Jamais pour tout ce bonheur je ne le remercierai assez.
Généreuse Lune - Spoiler:
Sur le ciel sombre un point se détache Une étoile filante répand sa blancheur Dans le fond nocturne qui rend rêveur Douce muse irréelle et éphémère, sans tâches
Se démarquant des autres étoiles Qui sur son passage semblent soudain ternes Mais une fois l'irréelle disparue, redeviennent fermes Et à nouveau ont l'air belles
La Lune, muse suprême Gouverne le ciel nocturne Pourtant jolie taciturne Veille sur diverses femmes
Ses filles les diamants brillent Bien que ne sachant la surpasser Elles tentent néanmoins de l'égaler Et ce tout au long de leur vie
Lorsqu'une étoile meurt Les autres sont indifférentes D'ailleurs, pourquoi seraient-elles différentes? Hélas, cette pauvre Lune, seule, la pleure
C'est un jeu contre-nature Que les filles meurent avant la mère Cette mère qui est si vieille Doit voir mourir ses progénitures
Nous, faibles humains, ne pouvons voir ceci La Lune soigneusement cache ses émotions Afin de ne cesser de briller, ce qui pour nous serait une punition Cet astre magnifique et éphémère est trop pur et trop gentil.
Fleur d'Automne - Spoiler:
Le Bonheur n'est qu'éphémère Tout comme l'amour que je lui ai porté Mieux vaut que dans ma chambre je reste prostrée En proie à d'anciennes chimères
Pourquoi m'a-t-il laissée? Tout ça pour agir en égoïste Projet finalement abouti de suicide J'aimerais tant le voir me relever
Et ces pseudo-larmes qui coulent le long de mes joues Pouvais-je encore en verser? Dans mon intérieur je les laisse déferler Cela hélas est un terrain sur lequel je ne joue
J'aimerais tant le voir revenir La neige a enseveli mon coeur Et y a fait fâner toutes les fleurs S'il pouvait juste à nouveau me sourire!
Comme une pâle fleur d'Automne Mes rêves aux oubliettes ont été jetés Par les lions de ce précipice dévorés A présent mon esprit est monotone
Atroces chimères, stupides doutes, partez! Les larmes que je verse intérieurement Sont en train de me torturer mentalement Larmes de sang, affluant de mes veines, cessez!
Espoir égoïste de rêve inespéré Jardin secret à la clôture noire J'ai beau rester là à la voir Jamais plus elle ne me laissera entrer
Aujourd'hui seule je tente de me relever Ô coeur mort, je t'en prit, réapprend à battre Cette lutte acharnée ne cesse de m'abattre Mais à personnes mes peines je ne ferais partager
On dit l'amour beau, n'est-il pas? Mon coeur en cendres témoigne du contraire Depuis sa mort il essaie de ceci faire taire L'Amour doit être un bonheur que je ne mérite pas.
Belle oiselle (métaphore) - Spoiler:
Démons du passé Restez donc cachés Pourquoi tout briser? Mieux vaut rester terré.
Une fois la nuit tombée Diverses mentalités s'éveillent De la plus belle à la plus laide Sur qui le coeur de chacun veille.
Grand mots sur le papier De quel droit nous emprisonnent-ils? Une feuille est si facile à déchirer Laissons-les prisonniers de leurs idylles.
Oiseau multicolore Accapare-toi à jamais le ciel Quitte à être carnivore Mais laisse les abeilles faire du miel.
Certainement me demanderas-tu pourquoi Car tout cela avec le ciel n'a rien à voir Laisse Cupidon recharger son carquois Trottinent dans ta tête mille mensonges à boire.
Couchés sur du papier, les sentiments ne sont rien Car après tout, un mensonge est si vite formé Non, ne va pas te conduire tel un moins que rien Et arrête de toutes ces questions te poser.
Rêves cauchemardesques idylliquement imparfaits Le paradoxe de la vie suit son processus Si seulement personne n'était tourmenté Mais hélas on ne peut y remédier, pas même Crésus.
Montre à tes proches combien tu tiens à eux Car vois-tu, adorable et cruel petit oiseau Toi, comme moi et eux, sommes des amas de chair Alors ne va pas te noyer dans les eaux.
Quelles eaux me questionneras-tu Un fleuve impétueux dans la tête Les eaux de la mort, qui de chacun obtient la vertu Vas-y, prend peur, et chante à tue-tête.
Illusion de Bonheur dans le théâtre de la Vie Garde précieusement toujours quelque chose Que cette chose à ton coeur soit chère, je t'en prie Bien que des fois il te faille faire une pause.
Donne ta vie pour ce que tu auras protégé N'hésite pas pour cela à donner ta raison Tout cela offert sera pour ça amplement mérité Après laisse ce bien s'épanouir, quitte à aller en prison.
Ne culpabilise jamais pour ce que tu auras fait Elle te le rendra bien, cette charmante oiselle Car ta vie tu lui aura, sur un plateau, offerte Guidé par l'amour, tout cela exécuté pour elle.
Vois-tu ce point au loin? Oh non, n'aie pas peur, tout va bien Non, cela n'est pas une motte de foin Ton oiselle arrive, vêtue de blanc, enfin.
Voyant les sacrifices faits pour elle Notamment que pour ses charmants yeux tu sois mort Elle a quitté le monde des vivants, t'a rejoint dans ton ciel Ne fuis pas, regarde au loin décliner l'aurore.
A présent votre amour sera éternel Je vous déclare bâtis l'un pour l'autre Vos vies emmêlées, magnifiques ficelles Adjugé, vendu, il n'y a aucune faute.
L'hirondelle de nuit - Spoiler:
Quand la nuit la Lune éclaire Passe l’hirondelle porteuse de peines Devant un âgé et vénérable frêne Et ces peines cette porteuse fait braire
Braire d’insuffisance de souffrance Car leur propriétaire elles auront quitté Sans réussir à les étouffer Et se laissent porter jusqu’à jouvence
Cette hirondelle n’est point une justicière Sinon pourquoi la nuit œuvrerait-elle ? Doux oiseau, frêle petite et pure hirondelle Laisse ces souffrances et garde les pattes sur Terre !
Pourtant au petit matin les peines non comblées Cette hirondelle va au grand frêne enterrer, ces peines restantes Qui un jour d’ennui deviendront des résolution resplendissantes Et sous terre elle les aura enterrées, du grand frêne aux pieds
Sous ses pattes la motte de terre mourra Et certaines peines en Enfer resteront Car l’hirondelle ne les aura pas prises en munitions Et un jour au ciel quémanderont un pardon honorable.
Dernière édition par Rose Noctalis le Mar 19 Jan 2010 - 12:35, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Sam 9 Jan 2010 - 0:38 | |
| Allez, je mets mes nouvelles! J'en profite pour faire un petit up, et dire que j'ai ajouté quelques avatars, signatures & commandes. La "nouvelle" qui suit est celle qui date de l'année dernière. Je l'ai un peu modifiée depuis, mais pas grand-chose. Un fantôme et moi : - Spoiler:
Tic tac, tic tac, tic tac... L'horloge murale émet toujours ce même son depuis que je suis assise, la tête dans les genoux, sur la moquette du salon. Il fait noir. J'espère être cachée pour je ne sais quelle raison... Maman, je t'en prie, rentre vite! Je saisis à la hâte mon portable et compose, les doigts tremblants, son numéro de téléphone. La ligne est coupée... Et j'avais oublié que je n'avais plus de crédit! Rah! Fichue panne de courant! En fait, ma mère est allée dîner avec mon beau-père et me juge assez mature pour ''garder la maison'' durant la soirée, même si je n'ai que quatorze fraîches années. Mais voilà, j'ai peur. J'ai toujours détesté les pannes de courant... Oh, et cette foutue horloge qui émet toujours son tic tac si angoissant et si stressant! Je pourrais la briser tant elle m'agace en cet instant. Je pense. Et j'entends mes pensées comme si je les disais à voix haute. A nouveau, la peur revient s'immiscer en moi. Ce que j'ai vu dans ma chambre... Moi qui ai toujours les volets fermés... Depuis quelque temps je n'arrive pas bien à dormir, mon sommeil est perturbé par des scènes horribles. Et à chaque fois, ces rêves se réalisent! Il y a deux jours, j'ai rêvé qu’une personnalité politique importante était assassinée... Et là, avant la panne de courant, je regardais la télévision. Ladite personnalité politique avait été assassinée... Je regardai nerveusement l'écran de mon portable. Il n'y avait même plus de réseau! Ca n'était pas normal. Furtivement, un frisson d'effroi me parcourant l'échine entière, je regarde quelle heure il est. Le clocher de l'église sonne les douze coups. Il est minuit. L'heure propice aux fantômes en tous genres... Les fantômes ont toujours su exciter ma curiosité. Mais ce que j'ai vu dans ma chambre... Mieux vaut pour moi ne pas y penser, je suis déjà suffisamment angoissée. Non pas que cela m'ait fait peur, au contraire, cela m'a fascinée, mais... Mais voilà, ça avait l'air si réel. J'ouvre encore une fois très nerveusement le haut de mon portable ''clic-clac''. Il s'était éteint. Mais... La batterie, je l'avais chargée en entier la veille! Ledit portable, tout récent sur le marché, tomba au sol en un bruit sourd. Mécaniquement et tel un robot - car je ne doit être que ça - je regarde l'écran noir de la télévision. La sueur se glace le long de mon dos. Il est revenu... Elle, plutôt. Cette femme, flottant à une vingtaine de centimètres au-dessus du sol, drapée dans une robe de chambre en satin. Son visage est couvert de meurtrissures, ses bras nus de points de sutures. Ses longs cheveux semblent crasseux, gras. Je suis figée de fascination, mais cette femme a l'air... Mauvaise. Méchante. Et je crois que c'est ça qui me fait peur. Son air. Ses lèvres bougent. Peu après, dans mes oreilles, son chuchotement interminable, pareil à celui que j'ai entendu dans ma chambre : « Aide-moi ». Cette phrase, cet appel à l'aide murmuré passe en boucle dans ma tête comme lorsqu'on active l'option ''repeat'' sur un site ou un lecteur DVD. Peu après, elle est accroupie près de moi. Elle n'est pas blanche, non, elle est de couleur vieux jaune, et m'étreint de ses bras vaporeux. Elle paraît si douce... On croirait presque qu'elle pleure. Mais cette étreinte est si déplaisante, si... Bizarre! Cependant je me laisse aller dans les bras de cette femme irréelle qui ne cesse de me murmurer des « aide-moi » au creux de l'oreille. Mais d'un coup, elle crie, et disparaît. Paniquée, je me lève, je veux savoir où elle est! Elle me fascine tant. Sa phrase n'est plus qu'un murmure à peine audible. Où est-elle? La porte de la maison est poussée. L'électricité se rétablit comme par magie. Mon portable s'est rallumé. Ma mère est rentrée, avec mon beau-père. Je m'affale sur le sofa, devant une émission débile qui est apparue à la TV durant le rétablissement du courant.
- Cindy : Eh bien Jeanne, tu n’es pas au lit? - Jeanne : Je n'arrive pas à dormir maman. Bonne soirée? - Allan : Excellente! Mais ta mère a raison. Tu devrais aller au lit. - Cindy : Oui, il est minuit passées ma puce. - Jeanne (soupirant) : Bon... Ben je vais réessayer de dormir alors.
Docilement et presque robotiquement, je monte les escaliers de vieux bois qui craquent sous mes pas. Positivons : Cette femme sera peut-être dans ma chambre!... Peut-être. Raté. Elle n'est pas dans ma chambre. Déçue, je baisse la tête, me change et vais au lit. Je n'arrive pas à dormir. Le bras sous l'oreiller, cette femme ne cessant de hanter mes pensées. Qui est-elle? Enfin... Qui était-elle... ? Je soupire. J’entends ma mère fermer la porte de ma chambre et se coucher. Je relève alors furtivement la tête dans la direction de mon radio-réveil, et souris. Peu importe l'heure. Elle est là. Elle est revenue. Pour moi? Je ne sais pas. Dans le creux de mon oreille, à nouveau ce faible murmure, « aide-moi ». Mais que dois-je faire pour l'aider? Écouter. Oui, écouter. Car le murmure se fait à peine audible, puis une voix domine ce murmure répétitif. Une voix d'homme. Un homme énervé. Il crie. "Catin", et il semble le dire à cette femme debout aux pieds de mon lit à baldaquins. Il semble y avoir une dispute. J'ai mal à la tête, je me rallonge. Peu après, la femme est assise aux pieds de mon lit, jambes repliées sous elle pendant que, fermant les yeux avec force et toute en sueur, je regarde les images qu'elle m'envoie. Je suis elle, vraisemblablement. Elle – ou plutôt je – porte une élégante robe. Comme dans ''La petite maison dans la prairie''. Une jolie robe rouge. Je me tiens face à son miroir, mon miroir. Je vois un homme entrer et il la – enfin, me – prend par la taille. Il dépose des baisers dans mon cou. Je frémis. Il fait nuit. Il commence à me pincer pour me faire gémir de douleur, mais je résiste. Ou plutôt, elle a dû résister. Seulement, bientôt, je me trouve à terre, je suis allongée de force sur le sol bien que j'essaie de me débattre. En vain, soit dit en passant. Je ne porte plus comme vêtement qu'une petite nuisette blanche très claire. La même que porte cette femme. Mon chignon blond se défait. Elle est brune, pourtant... Oui mais; c'est moi qui reçoit ces images. Le bas de la nuisette et les manches sont déchirés par les mains de l'homme qui vient de commencer à me malmener. Impuissante. Oui, je suis impuissante face à lui. Je n'ai plus beaucoup de forces en plus, il est assez musclé et c'est dur de lui résister. Peu après, il s'en va, me laissant encore allongée, salie, sur le sol. J'ai mal. Un liquide chaud coule le long de mes membres, mais je n'ai plus la force de bouger. Ce doit être du sang. Il revient peu après, avec un jeune homme. Un jeune homme de mon âge, visiblement, ou de l'âge de cette femme à l'époque. Je reste allongée, pratiquement sans mouvement. Le jeune homme crie. Il s'en va en claquant la porte. Je suis seule. Je me réveille peu après, dans ce rêve, ce flot d'image que cette femme m'envoie sans relâche. Je suis dans une forêt. Je porte le même style de robe, mais en bleu avec des dorures. Mes cheveux sont ramenés en un chignon assez élégant, plus serré que dans l'autre vision. Je cours et une expression d'intense horreur, de peur incalculable est dessinée sur mon visage pour crisper mes lèvres. Je cours. J'ignore les branchages qui m'égratignent le visage. Ce qui semble me poursuivre est sans doute infiniment plus dangereux. Alors, je cours. Vite, il me faut courir. Je n'ai pas le choix, je dois courir. Je ne peux même pas m'arrêter, alors je cours. Je cours, pour sauver sa vie... Mais on me rattrape. Je crie. Je sens quelque chose me lacérer le visage. Bientôt, mon visage est d'ailleurs recouvert d'hémoglobine, je le vois dans le reflet d'une petite rivière. Je suis étendue de son côté, sur son flanc. La femme qui me tient compagnie et qui est actuellement aux pieds de mon lit, ou à mes pieds plus précisément, est défigurée par les cicatrices. Je sais pourquoi à présent. J'ai mal. Ils s'en vont. Des brigands. J'ai mal, je ne sais pas si je vais m'en sortir, si on va me voir, si je vais survivre. A priori, non. Je me tords de douleur. Finalement, la femme arrête de m'envoyer ces souvenirs atroces et je me redresse, en sueur, trempée. Je lui fait face, essoufflée. Le jour va bientôt se lever. Elle commence à se dissiper comme un médicament effervescent se dissipe dans l'eau, malgré mon gémissement. Un simple « non ». Je ne veux pas qu'elle parte. Elle est ma seule amie. Ma mère ouvre la porte et est surprise de voir que je suis déjà éveillée. Mais surprise aussi de me voir trempée. Sans un mot, je vais prendre ma douche matinale sous le regard inquiet de ma génitrice. Je ne dirai rien. Pas sans avoir élucidé ce mystère. Et pas sans avoir oublié ces images terribles... Des images qu'elle m'a envoyées. Huit heures quinze. J'enfile mon uniforme et prends le chemin de l'école, seule, sac sur le dos. La tête me tourne à cause des images que cette femme fantomatique m'a envoyées, agitant ma nuit. J'avance tête baissée, prête à encaisser les habituelles moqueries de mes ''camarades''. Je me rends directement dans l'enceinte de la bâtisse, avant de me ranger, seule une fois de plus, devant la porte de la salle de classe. La cloche sonne. Je transpire, j'ai mal à la tête, mais mes deux couettes masquent à peu près ma transpiration abondante, malgré mon haut trempé que personne ne semble remarquer. Je vais prendre ma place habituelle au fond de la classe. Le cours commence, mais un vertige me prend. Je vois cette femme jaunâtre assise à la place à côté de moi, cette place habituellement vide, et je lui souris. Elle touche mon bras de sa main. D'autres images me parviennent et je plaque mes mains sur mes oreilles.
- Jeanne (hurlant) : Non!
Un violent vertige me fait tomber la tête sur la table. Je vois à peine les autres se retourner. Lorsque j'ouvre les paupières, je suis à l'infirmerie. Ma déléguée de classe, Gaëlle, est assise près de moi. Je sursaute, toujours trempée.
- Jeanne : Qu'es-ce qu'il s'est passé? - Gaëlle : En cours, tu as hurlé d'un coup et tu t'es évanouie juste après.
Je prends ma tête dans mes mains. Je veux me relever malgré la fatigue, mais l'infirmière m'en empêche.
- Infirmière : Vous avez besoin de repos, jeune fille. - Jeanne : Il est quelle heure? - Gaëlle : Vingt heures. - Jeanne : Oh non... Il faut que je rentre!
Passant sous le bras de l'infirmière, je récupère mes affaires de cours et remets mes chaussures avant de rentrer chez moi en quatrième vitesse. Elle est là, et je me laisse tomber sur le tapis alors qu'elle m'envoie d'autres images horribles.... Pitié, oh par pitié, que cela cesse! Je sue à grosses gouttes et bouche mes oreilles à l'aide de mes mains. Je hurle, elle m'envoie ses sensations. Je revois son histoire, la même qu'elle m'a envoyée. Mais qui est-elle, à la fin? Je crie, je crie de douleur.
- Jeanne (suppliante) : Arrête!
Elle reste sourde à mes supplications. Je crie, j'ai mal. En un instant, tout s'évapore, et je me laisse tomber sur le tapis, vidée de toutes mes forces. J'ai beau lutter, elle me retrouvera toujours. Je le sais, je le sens. Et elle me l'a fait comprendre. Depuis, les années ont passées. Cinq, précisément. J'ai dix-huit ans à présent, et un petit ami formidable. Il m'emmène au cinéma, par une douce matinée de printemps. Si seulement en entrant je n'avais pas eu cette sensation de déjà vu... Sur le siège devant nous, une jeune femme à l'apparence vaporeuse et vieux jaune. Qui est-elle? Pourquoi me paraît-elle si familière? Le film démarre. Il parle d'une jeune fille voyant un fantôme. Cette même jeune fille, qui me ressemble étrangement, et qui devient folle à lier. Un puissant mal de tête martèle mes tempes, mais je ne laisse rien paraître. Oui car, mon petit ami est très protecteur. Des flashs de mon enfance me reviennent. Cette femme... Je me rappelle d'elle. Et si... Si elle cherchait à me faire revivre son histoire... ? Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression qu'elle se sert de moi pour me faire voir ce qu'elle a enduré. Nous rentrons de notre petite sortie. Mon petit ami est parti travailler immédiatement après et, vu que ce sont mes congés annuels, je ne travaille pas. Un murmure. « Aide-moi ». D'autres flashs de mon enfance me reviennent, j'ai beau plaquer mes paumes sur mes oreilles rien ne cesse. Mes genoux heurtent le sol. Je vois cette femme vaporeuse qui flotte à quelques centimètres du sol. Elle m'étreint. J'ai mal à la tête.
- Jeanne (suppliante) : Arrêtez... Arrêtez!
Dans ma tête, maintenant, je vois défiler des images. Un coup de feu. Une femme allongée à terre, ressemblant très fortement à ce... Fantôme? Non, c'est impossible, elle m'a donné une autre version! Une énigme? Je ne sais pas. Je ne sais... Plus. Toute énergie me quitte et je fais un malaise, là, sur mon tapis. Je me réveille peu de temps après, heureusement. Enfin, peu... Il fait nuit à présent et Mike, mon petit ami, n'est toujours pas rentré. Je me lève péniblement, exténuée. J'allume la lumière. Flûte! Les ampoules, toutes j'ai beau essayer, ont grillé. Je soupire et vais me servir un verre d'eau. Mais, alors que je bois, le verre tombe. Elle est là. Cette femme.
- Jeanne (agacée) : Mais vous me voulez quoi à la fin? Je croyais être débarrassée de vous! - Fantôme : Aide-moi... - Jeanne : Mais je suis sensée faire comment?
Elle regarde le miroir de la cuisine. Je le regarde à mon tour. Elle ne se reflète pas dedans, et d'un coup c'est comme si... Comme si... Il se brisait! Qu'il était aspiré dans des ténèbres, comme si de l'encre aussi noire que le plus profond des Enfers coulait dessus.
- Fantôme (murmurant) : Voici ma vraie histoire.
Le silence règne, mais les images défilent. C'était une belle jeune femme, qui avait tout ce qu'elle voulait, quelqu'un à qui on cédait tous les caprices. Elle a grandi avec un poney. Puis un cheval. Elle est âgée de dix-sept ans environ par la suite, et est en train de se marier. Elle refuse cette union de convenance, cependant. Elle court et sort de l'église. La nuit tombe et elle fait halte près d'un fleuve, à bout de souffle. Son joli chignon brun s'est défait et ses cheveux retombent en cascade sur ses épaules. Celui qu'elle devait épouser est là, avec des amis à lui. A priori, elle ne s'attendait pas à cela. Il sortent un couteau et lui entaillent le visage, avant de l'assassiner près de ce fleuve dans d'atroces souffrances. Je grimace. Ce n’est pas beau à voir. Lorsque je détourne la tête, une fois les images ôtées de mon meuble, je regarde ce fantôme.
- Jeanne : Qui êtes... Euh... Étiez-vous? - Fantôme : Je m’appelais Jeanne. Comme toi.
La porte de derrière s'ouvre et cette femme vaporeuse, ce spectre, se dissous dans l'air. Mike entre. Je le toise de haut en bas, mains sur les hanches. Le temps a passé incroyablement vite et il est déjà une heure du matin.
- Jeanne (sévère) : Où étais-tu? - Mike (indifférent) : Ça te regarde? - Jeanne (sévère) : Oui, jusqu'à preuve du contraire! - Mike (bâillant) : Et en quel honneur? - Jeanne (explosant) : En l'honneur que je suis ta petite amie! - Mike : Je suis fatigué, je vais me coucher. - Jeanne (criant) : Reste ici Mike! Arrête de fuir! - Mike (soupirant) : Arrête de piquer ta crise. - Jeanne (hurlant) : Ma crise? Quelle crise? - Mike (sévèrement) : La ferme, il est minuit passées et c'est du tapage nocturne. - Jeanne (soupirant) : Je vais dormir sur le canapé. - Mike (indifférent) : Cool. - Jeanne (pensée) : Il a tant changé... Je ne le reconnais plus ces derniers temps! Enfin, il a peut-être raison, je suis probablement sur les nerfs. Ça va passer.
Je m'allonge sur le canapé et me recouvre d'une couverture assez chaudes : Les nuits printanières sont fraîches cette année. Mais le sommeil ne vient pas. Soupirant, je décide donc d'allumer la télévision. Je tombe sur la rediffusion des informations télévisées. Parfait, je n'ai pas eu le temps de les voir! Seulement... Ce que je vois me fige, fait se glacer la sueur le long de mon dos et me fait pâlir. Des tombes ont été profanées. Des corps déterrés. Et je la vois. Là. Cette femme. Jeanne. Hors de sa tombe. J'aimerais tant l'aider! Mais comment suis-je sensée faire? Tout d'un coup, l'électricité se coupe. Je souris amèrement, et même plutôt mélancoliquement. Elle est revenue.
- Mike : Chérie, qu'es-ce qu'il se passe? Il y a eu une coupure d'électricité et... - Jeanne (le coupant) : Tais-toi et monte. Ça va revenir. Retourne dormir. - Mike (haussant les épaules) : Comme tu veux.
Les marches de l'escalier craquent, prouvant que mon petit ami monte se coucher. Je m'assois sur le canapé et attends. Dans la télévision éteinte, j'aperçois son reflet. Je me retourne, mais rien. Lorsque je regard à nouveau le téléviseur, elle a un doigt devant la bouche, me montrant de me taire, et l'électricité se rétablit. Je m'endors finalement. Le lendemain, je ne vais pas travailler, prétextant être malade. La vérité, c'est que je vais à la bibliothèque, enroulée dans une écharpe pour faire croire à un bon coup de froid. Lorsque j'arrive, je demande quelques renseignements et monte. Jusqu'au sixième étage. Histoire de la ville. J'entre, et trouve rapidement ce que je cherche dans les manuscrits. J'en apprends des ''vertes et des pas mûres'', comme on dit, à propos de la ville. Mais pas un mot sur Jeanne. Soupirant, je range les volumes, et cherche encore dans les rayonnages. D'un coup, je m’arrête. Entre deux livres, il y a un trou, un gros volume a visiblement été emprunté. Mais ce que je vois me répugne. Comment a-t-il osé? Comment? Mike. Contre un autre rayonnage, il est en train d'embrasser une bibliothécaire, de lui rouler un bon patin d'après les mouvements de leurs visages. Il me dégoûte au plus haut point. Il s'éloigne un peu d’elle, et je la détaille du regard. Blonde, de taille moyenne, cheveux courts, yeux bleus et – bien sûr – forte poitrine. Il n'a pas lésiné sur les moyens! En tout cas, cette bibliothécaire va bien avec mon petit ami, roux aux yeux verts et assez grand. La jeune femme blonde m’aperçoit et je fais semblant de chercher un volume, m'abaissant maladroitement. Trop tard. Elle m'a vue. Enfin, je pense. Je l'entend chuchoter, mais je ne distingue pas quoi. Puis, elle vient me voir. Ça y est, je suis cuite. Rôtie, même.
- ??? : Je peux vous aider?
Je sursaute. Elle a pris une voix chaleureuse, comme si elle ne m'avait pas remarquée. Elle a un air dur collé au visage, et a planté ses mains sur ses hanches. Je me relève en quatrième vitesse, gênée, et fait comme si je n'avais rien vu.
- Jeanne : Euh... Oui! J'ai déjà consulté pas mal d'archives, journaux et livres, mais je ne trouve pas ce que je cherche. - ??? : Et que cherchez-vous? - Jeanne : Quelque chose qui puisse me parler d'une Jeanne. C'est sans doute une légende urbaine... Cheveux bruns, décédée vers le XIXe siècle. Assassinée, devrais-je dire.
Je me suis efforcée de prendre un ton naturel. Sur le badge de l'amante de celui que j'allais épouser - car comptant lui faire ma demande ce soir - est marqué Ellen. Donc, elle s'appelle Ellen.
- Ellen (fronçant les sourcils) : Vous savez, il y a des choses qu'il est parfois bon de ne pas savoir. - Jeanne : Je m'en doute, mais... Ma filleule doit faire un exposé là-dessus, et m'a demandé mon aide. - Ellen (réfléchissant) : Je vois...
Bien entendu, je n'ai pas de filleule. C'est juste une excuse. Elle plante son regard bleu intense dans le mien, et je me sens tout à coup nue face à elle. Je lui tourne le dos, m'apprêtant à me diriger vers un autre rayonnage, quand elle me saisit avec force le poignet, me tirant en arrière, plaquant une main sur ma bouche pour que je ne crie pas. Cette force... Jamais j'aurais cru qu'un petit bout de femme comme elle puisse la détenir.
- Ellen : J'suis pas dupe ma jolie. J'sais que tu m'as vue. T'es pas très discrète et potentiellement dangereuse. Y a des choses que t’as pas besoin de connaître.
Je tente de m'échapper, mais elle me tient si fort... Elle me lèche la joue, à mon plus grand dégoût. Un coup m’atteint à la tête. Puis plus rien. Le noir complet. Elle a dû m'assomer avec un gros ouvrage. J'ouvre une paupière, puis l'autre pour être sûre que je ne rêve pas. J'ai une migraine des plus atroces, c'est tout bonnement insupportable! Alors que je tente de passer ma main à l'arrière de mon crâne douloureux, je me rends compte que je suis bâillonnée et sent un grand morceau de scotch, ces scotchs gris de déménagement épais, collé sur ma bouche. Il fait noir. J'ai beau bouger la tête dans tous les sens, je ne vois rien. J'ai juste envie de pleurer la trahison de celui que je croyais être l'homme de ma vie. Puis, une présence vaporeuse couleur vieux jaune. Je tente d'esquisser un maigre sourire : Jeanne est là. Sans elle, je ne serais pas là, mais elle est là pour me soutenir.
- Jeanne (murmurant) : Oh non, ma pauvre, ils t'ont eue... Et dire que c'est ma faute...
Comment faire pour la distinguer de moi? Elle, qui murmure sans cesse. Quand elle parle, j'ai l'impression que c'est moi qui pense. Je ressens son impitoyable « aide-moi » résonner dans mes oreilles et je ne peux absolument rien faire. J'entend un cliquetis et tourne la tête. Le fantôme disparaît. Ellen entre. Je me raidis. J'ai peur, je l'avoue. Je veux sortir de ce pétrin.
- Ellen : Alors ma jolie curieuse, prise au piège?
Je la déteste. Alors que je ne la connais même pas encore, je la hait. Quel sort me réserve-t-elle donc? Je ne sais pas et ne le saurais sans doute jamais, ou du moins pas avant très longtemps. La jeune femme, d'un regard fiévreux, me caresse la joue. Je recule ma tête mais me heurte à un mur et grimace légèrement de douleur.
- Ellen : Tu veux parler hein? Je veux bien enlever le scotch. Mais tu vas me dire exactement ce que tu cherchais!
Comme convenu, elle m'ôte le morceau de scotch qui part de ma bouche dans un bruit de velcros.
- Jeanne : Plutôt mourir!
Après lui avoir dit cela, je lui crache au visage. Elle n'apprécie pas et je le vois. J'ai peur. Très peur. Vraiment.
- Ellen : Mauvaise réponse.
Je vois sa main se lever et, deux minutes après, alors qu'elle la retire de ma joue, je suis sonnée. Une violente douleur, piquante, m'assaillit sans pitié la peau. Quelle fourbe!
- Ellen : Allez poupée, dis-moi si tu ne veux pas le regretter...
Elle finit sa phrase et sort un couteau de sa poche. Elle dépose ses lèvres sur la lame de l'arme blanche, et me toise d'un air mauvais. Ça, je peux le voir, même dans l'obscurité. Jeanne... Jeanne où es-tu? Ô toi, beau fantôme qui porte le même prénom que moi... Je t'en supplie... Viens-moi en aide!
- Ellen (malsainement) : Alors, le bec cloué la curieuse?
J'ai peur, mais ça, pour rien au monde je ne lui avouerai. Elle en serait bien trop fière!
- Ellen : Allez, dis-moi et je te laisserais partir... Peut-être.
Disant cela, elle pointe son couteau sur ma joue, le laissant à quelques centimètres de ma peau. C'est la fin, je crois. Sur ma pierre tombale, qu'on écrive ''la petite curieuse''. Rapidement, j'avale ma salive. Je ne dois pas avoir de pensées négatives. Soudainement, la porte se ferme. Mon agresseuse sursaute.
- Ellen (hurlant) : M***e! - Jeanne : Eh bien quoi, t'as pris peur? - Ellen : Toi, la ferme!
Tâtonnant, je cherche mon porte-bonheur. Un médaillon en argent, avec mon signe astrologique gravé dessus. Une fois que je le sens, je le presse fort dans la paume de ma main.
- Ellen : Eh Mike, déconnes pas, rouvre! Je sais que c'est toi derrière tout ça.
Elle soupire, et me remet le morceau de ruban adhésif sur la bouche pour aller marteler la porte de ses deux poings. Jeanne s'accroupit à côté de moi avant de s'allonger sur mon corps pour me serrer dans ses bras, sans cesser de me murmurer son quasi-légendaire « aide-moi ». Les larmes affluent sur mes joues. J'ai peur, oui. Malgré cette présence, vieille amie de toujours, qui me tient contre elle. Cette femme vaporeuse qui se prénomme comme moi.
- Ellen (s'énervant) : Mike!
J'aimerais parler, mais je me souviens bien vite que je ne peux pas. Tout en me chuchotant son « aide-moi » habituel, Jeanne me susurre à l'oreille que c'est elle qui a fait ça. Brusquement, la porte se débloque. Jeanne disparaît dans un nuage de fumée presque invisible tandis qu'un rais de lumière parcourt la pièce que, cette fois, je prends bien le temps de détailler. Et, je me rends compte que... C'est un abattoir. Je suis enfermée dans un abattoir. Mike entre. Tandis que je me blottis, roulée en boule, dans un coin de la pièce, il attache en sifflotant un bras à un crochet, suspendu au plafond. Un bras... Humain. Il s'approche de moi, son tablier blanc maculé de sang, un air malsain scotché au visage. Il s'accroupit devant moi. Effrayée, je tente de me coller encore plus au mur, me rendant compte que je ne peux rien faire d'autre : Je me suis bloquée toute seule. Et je vais finir vendue en tant que gigot d'agneau, ou Dieu sait quoi d'autre. Sans avoir jamais résolu ce que ce fantôme me demande de faire.
- Mike : Chérie... Je t'ai déjà dit de ne pas te mêler de ce qui ne te regarde pas. Regarde où ça t'a conduite.
Il éclate d'un rire mauvais. Les larmes coulent, puisque c'est ce qu'il veut. Il agrippe mon cuir chevelu, comme ça, soudainement, sans crier gare. J'hurle de douleur alors qu'il me dépose sur une petite table sans une once de douceur. Il me laisse là, allongée dessus. Il part, mais ne ferme pas la porte. Une chance, possible échappatoire? Non. Malheureusement. Il revient, les bras chargés de membres humains. Je ne peux m'empêcher de fermer très fort les yeux. Il sifflote, accroche les différentes parties anatomiques humaines à des crochets suspendus au plafond, pile au-dessus de moi. Des gouttelettes de sang me tombent sur le visage. Mon ventre gargouille, mais j'ai envie de vomir. De vomir mes tripes.
- Mike : Je t'avais donc dit que je voulais être docteur, ou boucher! Eh bien, là... Je suis les deux, mon poussin.
Achevant sa phrase avec le même rire méprisant que précédemment, il s'en va, fermant la porte derrière lui. J'ose enfin entrouvrir les paupières. Instinctivement, j'ai serré très fort mon porte-bonheur dans ma main, et en garde la marque sur ma paume qui desserre peu à peu son étreinte sur le petit objet. Jeanne est debout en face de moi. Lentement, les gouttes de sang tombent, se mêlant à mes larmes tout du long de mes joues. Le fantôme prononce toujours la même phrase, mais je ne l’entends plus. La force de l'habitude, sans doute. Comme si j'avais été immunisée contre. Je vois juste ses lèvres bouger. Ses lèvres, dont s'étend des comissures jusqu'aux oreilles des points de suture. Elle s'accroupit devant moi et pose sa main sur la mienne. Je ne l'ai jamais vu d'aussi près et, subitement, c'est comme si ses blessures disparaissaient. Qu'elle était belle. Faisant toujours bourdonner dans mes oreilles sa phrase inébranlable, elle approche ses lèvres du morceau de scotch pour les y coller en un doux baiser, avant de s'éloigner à nouveau, disparaissant dans un nuage de fumée. Elle ne veut pas que je pleure. Je le sais, désormais. Que faire, maintenant? J'ai beau me creuser les méninges, je ne vois pas d'issue de secours dans cette pièce qui me semble étrangement familière, et qui empeste l'odeur métallique, si désagréable, du sang frais. Une odeur de j'ai toujours détestée. Je me mets subitement à repenser, pour je ne sais quelle raison, à mon beau-père. Un pompier... Tu parle d'un pompier. Hormis fumer comme un pompier, il ne faisait rien d'autre. Je secoue la tête : Il faut que je reste concentrée sur mon but initial; qui est de trouver un moyen de m'en sortir. Mon ventre gargouille... Et pas discrètement en plus. Ma gorge brûle : J'ai soif. Tournant nerveusement la tête, je cherche mon amie fantomatique du regard sans la trouver. D'un coup, la porte s'entrouvre, et une forte lumière m'aveugle. Quelqu'un entre, et tire sur une petite chaînette suspendue au plafond. Une ampoule s'allume, emplissant la pièce précédemment si obscure d'une luminosité incroyablement spectaculaire. Il fait froid, tout d'un coup. Je grelotte, et garde le regard rivé au sol pour ne pas voir les bras qui pendouillent au plafond, ce qui risquerait de me faire mal au coeur. Une mélodie est sifflée et j'ose enfin lever un regard. Ellen la sifflote. Elle s'assied à mes pieds, sur ce qui semble être une table d'opération. Par instinct, je me recroqueville sur moi-même, tremblotante. Le pire, c'est qu'elle pue l'alcool.
- Ellen : Alors ma jolie, t'apprécies ta nouvelle compagnie?
Elle éclate d'un rire à vous en donner la chair de poule. Furtivement, mes yeux parcourent la pièce. Ce que j'avais vu jusque-là n'était qu'un petit brin de l'horreur qui m'attendait en réalité. Les murs étaient maculés de sang. Près de la porte étaient empaillées des têtes humaines, dont... Celle de Jeanne. Je veux crier, mais l'épais morceau de scotch m'en empêche. La sueur se glace le long de mon dos.
- Ellen : Regarde! La troisième tête en partant de la droite, dans le coin près de la porte... C'est la tête de celle sur qui tu cherchais des informations! Regarde! Tu l'as trouvée! C'est pas fabuleusement fabuleux ça?
De peur et de rage, j'étouffe un sanglot, sourcils froncés. J'aimerais parler. Lui cracher au visage.
- Ellen : Tu veux parler? Tu veux une gorgée de vodka?
Elle m'enlève le scotch de la bouche sans une once de douceur. Horrifiée, je la regarde avaler goulûment une grande gorgée du liquide dont elle m'a parlé il n'y a pas plus de deux secondes. Ellen finit de la boire et la casse sur un coin de la table. Un des projectiles de verre m'entaille la joue, mais je m'en fiche. Parce qu'à cet instant précis, elle m'a remis le scotch, me menaçant du goulot de verre brisé de sa bouteille d'alcool. Car, à cet instant précis, Jeanne est revenue, à peine visible dans la clarté de la lumière, un couteau à la main, pointé à l'arrière du crâne de la probable meurtrière qui se tient au-dessus de moi, me dominant ainsi aisément. Que suis-je sensée faire, là, maintenant, tout de suite? Mon agresseuse approche avec délectation le verre brisé de moi. Jeanne, qui s'apprête à frapper la jeune femme, hésite, et c'est comme si elle pleurait. Je ferme fort les yeux. J'entends la blonde rire, et ne tarde pas à sentir son haleine empestant l'alcool. Ca me donne envie de vomir, c'est horrible! Qu'elle me tue au lieu de me faire languir... Puisqu'au fond, c'est ce qu'elle veut faire, non? J'entrouvre un œil. Elle bave. Elle se remet à rire à gorge déployée, comme une bouffone. Quand me relâchera-t-elle? Enfin, on dirait que j'ai un peu de chance : Le morceau de scotch ne tient plus et tombe à terre. Mais la bibliothécaire reste là, près de moi, pliée de rire, menaçante. J'en ait presque envie de rire, moi aussi. Elle a un fou rire.
- Jeanne (faiblement) : Laisse-moi partir... - Ellen (entre deux éclats de rire) : Pourquoi? Tu ne m'as pas dit pourquoi tu cherchais des informations sur ma victime la plus récente... - Jeanne (étonnée) : La plus récente?
Elle doit avoir remarqué qu'elle en a trop dit, car immédiatement, elle se renferme. Son regard se refait noir, et elle ne rit plus. Au contraire, la jeune femme pointe encore plus près les débris de verre de mon visage. Ma respiration s'accélère.
- Ellen (moqueuse) : Oh, mais c'est pas mignon tout ça! Elle a peur, la garce! - Jeanne (bégayant) : L-Laisses-moi... - Ellen : Bégaie pas ça te rend encore plus stupide.
Elle s'allonge alors sur moi, envoyant valser la bouteille brisée sur le mur. Le fantôme qui me protège a disparu. La fin approche, je le sens, tandis qu'elle prend mes lèvres avec une étrange douceur, pour ensuite fourrer sa langue sensuellement dans ma bouche. Telle une poupée de chiffon, je me laisse faire par cette inconnue qui ne tarde pas à me laisser, pour ensuite s'en aller en éclatant sans retenue de rire. Une fois la porte refermée, je vois à nouveau le spectre de celle qui portait jadis le même nom que moi apparaître. Elle semble peinée, et vient s'asseoir près de moi en baissant la tête, comme si elle avait honte. Je commence à avoir peur. De plus en plus peur de l'avenir, et de tout ce qui m'entoure désormais.
- Jeanne (la voix tremblante) : Jeanne? Que... Que t'arrive-t-il? - Jeanne (peinée) : Je n'ai pas réussi à la tuer. - Jeanne : Mais... - Jeanne (furax) : Tais-toi!
Obéissante, je me tais, et vois le fantôme se prendre la tête dans les mains. Mon porte-bonheur tombe à terre sans que je m'en aperçoive, et quand je m'en rends compte, c'est à cause du petit bruit métallique qu'il fait en tombant à terre. Finalement... Qu'est-il, ce porte-bonheur? Une chose matérielle, ni plus ni moins. Plus importante que d'autres objets certes, mais moins précieuse que la présence de ma compagne, qui commence d'ailleurs à disparaître comme une légère brise.
- Jeanne (paniquée) : Non, reste!
Ma phrase à peine finie, elle n'est déjà plus là. Je soupire, résignée, et regarde une nouvelle fois le mur blanc carrelé maculé d'hémoglobine, non sans en avoir un haut-le-coeur. Combien de personnes sont passées par là avant moi? Un paquet, sans doute. J'ai failli épouser un probable meurtrier. Comme si l'assassinat était chez lui... Un héritage qui se transmet de père en fils. Finalement, je soupire, assez exténuée, et décide de m'endormir. Je crains de ne jamais me réveiller à cause du froid qui règne dans la petite pièce, mais tant pis. Seulement, j'ai beau attendre, le sommeil me fuit. Je soupire derechef, lasse. Mon ventre se met à gargouiller et je grimace. Je sais que je peux parler, mais ne trouve rien à dire. Alors, je me contente de baisser la tête et de contempler mon porte-bonheur, petite chose métallique qui luit faiblement dans l'obscurité. Pourrais-je un jour sortir d'ici? Contre mon gré, je pense à autrefois. Mon père, ma mère. Puis... Le décès de mon père, un policier, en plein service. Ma mère qui s'est mise à fumer, à boire de temps en temps. Et mon beau-père qui a déboulé dans nos vies. Mon beau-père... L'ancien meilleur ami de ma mère. Puéril. Et je revois la première apparition de Jeanne, qui a tout chamboulé dans ma vie. Sa soudaine disparition et l'oubli involontaire qui l'a suivie. Et enfin, sa réapparition. Et maintenant... J'ai peur. Car je sais que je ne serais jamais seule. Si je meurs, deux personnes mourront. Mike m'a laissé un souvenir indélébile de lui. Mes yeux s'abaissent et je contemple mon ventre qui ne laisse rien paraître pour l'instant. Alors, par instinct, je me recroqueville, comme si j'allais toucher le bébé qui grandissait lentement dans mon ventre à peine arrondi. Mes paupières se font de plus en plus lourdes et j'ai plus de mal à lutter contre le sommeil qui m'envahit peu à peu. Enfin. Tout d'un coup, la porte s'ouvre avec fracas; mon ancien fiancé entre en me faisant sursauter et, ainsi, me sortir de ma somonolance. Avec une étrange douceur cette fois, il s’assoit aux pieds de la table où je suis et m'offre un sourire charmeur. J'y répondrai bien si, éclairé par la lumière d'un semblait-il couloir, son tablier n'avait pas été exposé à ma vue. Il n'est plus blanc mais rouge, tapissé de sang dont les tâches les plus sombres marquent l'ancienneté. Avec délicatesse, il défait les lacets de mes chaussures et jette ces dernières, une fois ôtées, violemment au sol. Je sens l'adrénaline monter désagréablement vite dans mes veines tandis qu'il se lève avec lenteur. J'espère qu'il ne me tuera pas. Non. Il ne me tuerais pas. Je m’interdis d'avoir peur alors qu'il sort un couteau de boucher bien aiguisé, maculé lui aussi de sang, de son dos. Qu'il fasse ce qu'il a à faire. Je ferme les yeux, lui lançant au préalable un regard noir qui lui arrache un sourire mauvais. Ping! Le métal sur le métal. Je retrousse les lèvres sur mes dents pour ne pas crier. Je ne lui ferais pas ce plaisir-là. Jamais. Quand j'ouvre les yeux, contenant tant bien que mal une douleur incontrôlable, il se dirige vers la porte.
- Mike (narquois) : Merci, chérie, ça me sera très utile.
Malgré son sourire satisfait, il est amer. Peut-être parce que je n'ai pas crié. C'est alors que je m'aperçois de ce qui me manque. Un orteil. Il veut me détruire à petit feu. Une fois que la porte est refermée, j'hurle - les murs sont sans doute insonorisés, ou bien? - aussi fort que je le peut ma douleur, tout en laissant s'échapper quelques larmes de mes yeux. Une fois le mal à peu près passé, j'ose porter mes yeux bouffis sur mon pied. L'odeur à mi-chemin entre la pourriture et le métal rouillé du sang, a envahi la pièce. En voyant la boucherie à laquelle j'ai été sujette, je manque de vomir. A mon pied droit, à la place du gros orteil, ma chair a été découpée, et un morceau d'os cassé dépasse. Cette vision me donne le tournis, et c'est l'arrivée de mon fantôme favori qui m'empêche de tomber dans les pommes. D'une douce caresse pareille à de la soie, elle essaye de stopper l'hémorragie de ses doigts vaporeux. A ma plus grande surprise; elle réussit par je-ne-sais quel moyen à étirer ma peau sans me faire souffrir, et referme la blessure aussi bien qu'elle le peut. Une fois le travail achevé, fantômette me lance un sourire d'excuse, les yeux remplis de larmes - à moins que ça ne soit mon imagination -, et se met à parler.
- Jeanne : Désolée. - Jeanne : Comment as-tu fait? - Jeanne : Je ne sais pas. Cette réponse me permet d'espérer. Et d'envisager une hypothèse plus ou moins plausible selon laquelle mon amie couleur sépia est sans doute encore trop rattachée au monde des humains pour pouvoir ne pas passer ''au travers'' des gens. Jetant un coup d'œil affolé à la porte, elle s'éclipse. Je retiens un gémissement en voyant Ellen et Mike arriver, main dans la main.
- Mike : Chérie, excuse-moi, je ne t'ai pas dit. - Ellen : Nous avons une fille. - Mike : Tout à l'heure, son orteil s'est détaché. - Ellen : Or, nous la voulons parfaite. - Mike : Voilà pourquoi je t'ai pris le tien.
Remarquant soudain que ma peau s'est refermée, le visage du rouquin vire au cramoisi rageur et, haineux, il se dirige avec rapidité vers moi, couteau à la main. Je ferme très fort les yeux, m'attendant à mourir d'une seconde à l'autre.
- Ellen : Excuse-nous encore une fois, mais son petit doigt ne tient pas.
Peu de secondes après, cinq peut-être, l'arme blanche s'abat sur le membre en question. Seulement, je n'aurais pas hurlé si, au vu de ma position, la lame n'aurait pas pénétré ma cuisse profondément.
- Mike (sadique) : Oups! Désolé mon amour. Je ne voulais pas te faire mal.
Dans sa bouche, le surnom affectif qu'il me donne sonne faux. Je le sent baver, puis sent l'odeur du sang et l'haleine de chacal de mon ex-fiancé. Ces trois choses réunies réussissent à me faire pleurer comme si l'on avait placé un oignon devant mes yeux. Mes paupières me brûlent et ma gorge est sèche, un vrai désert. Mon ventre grogne comme un lion à quel point il a besoin de nourriture, et le couple part en riant et en emportant mon doigt. Comme précédemment, la femme couleur vieux jaune me soigne, m'apaise en chantonnant et en caressant ma joue, mes cheveux. Une fois calmée, je découvre avec horreur qu'elle s'est éclaircie. Mes yeux s'emplissent une nouvelle fois de larmes, tandis que je lui fais non de la tête. Elle soupire tristement, ayant compris pourquoi.
- Jeanne (suppliante) : Ne pars pas! - Jeanne : J'ai presque fini ma mission, mon amie. - Jeanne (hoquetant) : Quel était ton nom de famille? Car si je survis, je veux éprouver l'illusion de ta présence en allant sur ta tombe. Un long silence répond à ma question. La jeune femme hébétée replie ses jambes sous elle afin de s'asseoir sur la table. Désireuse de la sentir, je me traîne donc, sanguinolente, telle une limace, jusqu'à sentir son corps; plus légèrement qu'avant toutefois. Après cet immense silence, elle a un sourire si bref que je crois avoir rêvé, et soupire derechef, posant sa main sur mes chevilles avant de s'adresser à moi, un tantinet triste.
- Jeanne : Blolkichinskie, mais tu ne trouveras ma tombe nulle part. - Jeanne (une boule dans la gorge) : Pourquoi? Ton nom me dit quelque chose, pourtant. - Jeanne : Parce que tu l'as vu dans un livre à la bibliothèque avant de te faire prendre. Et puis tu as aussi vu mon nom à la télé : Ma tombe a été profanée. La tête qu'il y avait dans mon cercueil n'était qu'un moulage, la vraie est empaillée ici.
Ca ne répond qu'en partie à mes questions et elle le sait. Elle veut que je me rappelle. Aussi, je me creuse les méninges afin de trouver la solution à l'énigme à laquelle elle m'a soumise. Je suis heureuse de constater que ma mémoire photographique fonctionne encore. Je me rappelle à la perfection du très gros ouvrage à la couverture bleu nuit douce, dont le nom « Histoire : Mythes et légendes, une part de réalité? » était écrit en grande lettres argentées bien détachées et sans aucune imperfection. Ou bien m'envoyait-elle encore des images? A l'instant présent, je ne saurais le dire. Plissant le front, j'essaye de me souvenir d'avantage de l'ouvrage dont il est question et l'image se fait plus nette dans mon esprit - un bon point : ce n'est pas elle mais effectivement moi -. Je me force donc à me concentrer encore plus. Comme si le livre était accessible et que je n'étais pas bâillonnée, je l'ouvre et trouve les pages de la même couleur que mon amie spectrale décédée, et trouve finalement la page relatant le sujet qui m'intéresse. Alors que je m'apprête à ''lire'', le bruit de la porte me fait sursauter et je perd tout contrôle, ouvrant les paupières sauvagement, le coeur fou. Je me calme en voyant qui se tient là, flanquée de mes deux agresseurs, en proie à une féroce idolâtrie. Alors que je m'apprête à analyser le visage de cette déesse, quelque chose atteint mes narines. Du gaz. Un somnifère à coup sûr. Affaiblie par la faim et la douleur qui me travaillent sans pitié, je me laisse bien volontiers glisser dans la douce et chaude couverture aux milles éclats du sommeil. Lentement et avec une affreuse migraine, j'ouvre les yeux. Furtivement, je me rends compte qu'ils m'ont changée de pièce, et que je ne suis plus pareillement bâillonnée. Premièrement, la pièce est faiblement éclairée par une petite lampe qui clignote de fatigue de temps en temps. Deuxièmement, les murs ne sont pas carrelés : c'est du crépis, et... Propre. Vert clair. Troisième point, je ne suis plus roulée en boule en position fœtale. Je suis toujours sur une table; mais debout. Mes poignets et mes chevilles sont attachés au meuble par de puissantes chaînes, massives et peu rouillées. Ensuite... Les sons sont différents. J'entends une radio. Qui diffuse une chanson... Ma préférée. Quel culot ils ont, alors! Et maintenant, que va-t-il advenir de moi? Toujours cette insensible et farouche question sans réponse, vouée à l'échec infini. Je soupire de lassitude. Après tout, qu'ai-je fait de ma sans doute misérable, stupide, inutile vie? Tourné autour d'un assassin. Qu'ils me tuent, je ne laisse rien derrière moi. Pour sûr, mes amies risqueraient de me regretter... Mais finiront bien, forcément, par m'oublier un jour ou l'autre sans l'ombre d'un doute certain. J'ai presque envie de leur hurler "allez, achevez-moi!". Dans ma tête, un capharnaüm total règne. Un désordre si grand, si troublant; que j'en ai presque envie de pleurer d'une étrange façon, mêlant larmes de joie et de peur. Discernant une silhouette dans l'ombre, je frémis - à défaut de sursauter -. Puis, je me rends compte qu'il n'y en a pas une, mais plusieurs! A ce moment-là, comme par hasard, la porte s'ouvre avec une douceur inattendue, presque de la tendresse, et un lustre est allumé. Je crie, mais mon hurlement est silencieux. Ma bouche est à nouveau "fermée". Quand je me rends compte d'avec quoi ceci a été fait, ma sueur se fait brûlante et coule intensément plus rapidement. Oui, ma bouche a été fermée artificiellement pour que je me taise et pour cause : Durant mon sommeil, ces goujats de la pire espèce l'avaient fermée à l'aide de points de suture! Sans parler de l'environnement dans lequel je me trouvais : Toujours des membres, accrochés au plafond puis comme par le plus grand de ces fichus hasards, empaillées près de la porte, des têtes humaines; toujours plus nombreuses... Je n'allais pas me sentir dépaysée! Pourquoi faire de l'humour dans une telle situation? Bonne question. Ah, et je ne cite pas encore les statues présentes ici : Des corps humains, visibles à leurs membres laissés en putréfaction en dehors, murés dans du plâtre. Néanmoins, mon horreur, mon dégoût, ma frayeur explosèrent en découvrant, en face de moi, assise sur un semblait-il trône, un robot recouvert de chair et de peau, toujours humaines comme il faut s'en douter - dont mon doigt et mon orteil manquants - ainsi que Mike et Ellen en train de lui vernir les ongles. Alors, c'est elle, leur... fille? Il faut que je m'échappe. Comment? Encore une question sans réponse. Je laisse les larmes couler sur mes joues; des larmes de peur. Vais-je m'en sortir vivante? Vont-ils me tuer? Dans la clarté de la pièce, je ne peux pas voir Jeanne. De plus, elle m'a dit que sa mission touchait à sa fin. Mais quelle mission? En tout cas, une chose est sûre : Je ne dois pas me manifester si je tiens à rester en vie. Je ne tarde pas à sentir la présence de mon amie fantomatique près de mon corps prisonnier.
- Jeanne : Ne t'en fais pas, je ne t'abandonnerai jamais. Je ferme mes yeux endoloris et gonflés par les larmes. Je les rouvre peu après : Ils me font un mal de chien! C'est insupportable. J'observe mes ravisseurs. Ils ont fini de vernir leur fille et, maintenant, ils paradent devant elle avec des robes plus ravissantes les unes que les autres aux mains. Visiblement, ils lui montrent les emplettes qu'ils ont dû faire pour elle. Cependant, mon sang se glace quand je vois que cette poupée robotique géante est articulée; comme si les lambeaux de chair et de peau lui en avaient donné le pouvoir. Son corps est complet, elle porte une légère nuisette noire en flanelle et dentelle. Son bras se tend, son poing se ferme et un seul doigt - le mien - ressort. Je suis la direction indiquée : Une superbe robe rouge sang à froufrous, corset, décorée d'un gros nœud papillon à l'arrière, tenue par Ellen. - Ellen : C'est vrai, Lumila? Tu aimes?
Pour toute réponse, la jeune fille se lève et se dirige vers sa mère, qui lui tend la robe. Elle la sert dans les bras qui ne lui appartiennent pas, avant de faire un câlin à ses parents.
- Mike : Attends ma puce, on va sortir le temps que tu te changes.
Les jeunes hommes s'en vont, et la fillette plus ou moins artificielle enfile la robe, puis enfile des escarpins de même couleur. Elle tourne un court instant sur elle-même, puis se dirige vers moi, me regardant droit dans les yeux. Ses yeux vairons, l'un bleu cendré - drôle de couleur, mais jolie -, l'autre violet clair, semblent transpercer mon âme.
- Lumila : Dis, tu aimes? Dis, ça me va bien?
Je hoche la tête. Avec un sourire, elle essuie mes larmes.
- Lumila : Ne t'en fais pas, je ne leur dirai pas que tu es réveillée. Pas encore.
Sa voix a l'éclat du diamant... Fabuleux. Elle est bien gentille. Mais ça ne me rassure pas pour autant. Je n'ai qu'un souhait, inébranlable : Sortit d'ici in extremis, le plus rapidement possible, pour revoir la lumière du soleil même si je dois m'en brûler la rétine, ainsi que sentir le froid lacérer mes joues en hiver, le chaud les caresser en été. Puis, tandis que la petite fille s'en va, je remarque une chose : Cela doit bien faire depuis mon endormissement au gaz que je n'ai rien mangé, et je n'ai pas faim. Bougeant sans faire exprès mon bras, je sens que quelque chose est fixé dessus. Je tourne la tête : Ils ne sont pas aussi vaches que ça, ils me nourrissent par intraveineuse. Sûrement un ordre de leur fille chérie. Je prends aussi en compte mon odeur : Je pue. Mes cheveux sont gras et collés de transpiration, emmêlés, et mon corps est encore souillé de sang sec qui arrive à mes narines en une odeur plus que désagréable. Je reporte ensuite mon attention sur la petite Lumila : Elle a ouvert la porte et passé sa tête à travers. J'admire aussi ses longs cheveux blonds aux reflets d'or, lisses, longs jusqu'à ses genoux. J'entends aussi par mégarde ce qu'elle dit. Elle parle à ceux qui m'ont séquestrée.
- Lumila : Maman Ellen, papa Mike! Je veux jouer! Partez! - Ellen & Mike : Bien, ma puce. On s'en va.
Et après ça, elle referme la porte. Impressionnant! Ils se font mater par une fillette d'à peine, à vue de nez, cinq ou six ans! Je l'observe toujours. Elle se dirige vers un coffre qu'elle ouvre, et en sort diverses peluches ainsi que des jouets en tous genres. Sélectionnant deux poupées, elle vient se placer en face de moi. - Lumila : Toi, tu t'appelle Jeanne! Je hoche la tête, quoiqu'un peu surprise. Je ne sais pas comment réagir.
- Lumila : Alors Jeanne, je te présente Axelle.
Elle me désigne la poupée blonde platine aux cheveux bouclés et yeux bleus vêtue d'une robe à paillettes dans sa main droite.
- Lumila : Et Annabelle!
Elle me montre alors la poupée qu'elle tient dans sa main gauche : Brune, yeux verts, tâches de rousseur, emmitouflée dans un manteau en fausse fourrure.
- Lumila : Ce sont mes poupées préférées!
Après ces brèves "présentations", la petite s'asseoit à mes pieds et se met à jouer avec ces filles de plastique. Mon esprit est à nouveau tâché de questions. Toujours les mêmes. Quand vais-je sortir? Vont-ils me tuer? Vont-il me relâcher? Vais-je revoir un jour la lumière de l'extérieur? Sentirais-je à nouveau le froid fouetter mes joues en hiver, et la chaleur les consumer en été? Ah! Et une nouvelle question, aussi. Lumila va-t-elle m'aider à m'en sortir? En parlant d'elle... Elle me regarde, un sourire magnifique aux lèvres - si seulement ça avait pu être ses lèvres, donc son sourire à elle! - et en me regardant de ses belles iris non semblables.
- Lumila : Dis tu sais, maman Ellen et papa Mike m'ont dit que tu étais ma poupée! Mais je ne comprends pas pourquoi ils t'ont attachée. Ils ont peur que tu t'enfuies?
Si seulement je pouvais répondre. Je détourne la tête, voulant pleurer : Malencontreusement, les larmes ne coulent plus de mes yeux rouges autant que bouffis. Je soupire. Lorsque je remets ma tête dans sa position initiale, je sursaute : La petite, en moins de deux, est venue devant moi, me regardant dans le blanc des yeux.
- Lumila : Tu sais, tu es très jolie! Mais il faudrait te brosser.
Elle me sourit puis, de sa démarche trottinante, va chercher une brosse à cheveux. Puis, elle revient. Avec un grand soin, elle se met à les démêler, les peigner, le plus impeccablement possible tout en étant grimpée sur un tabouret instable. Cette attention me touche. Elle prend soin de ses "jouets", elle, au moins! Je l'aime bien. Et elle continue, durant des heures, à brosser mes cheveux. J'en pleurerai presque. En même temps qu'elle s'exécute, elle chantonne une petite chanson. Mes cheveux sont déjà aussi doux que de la soie, et pourtant elle continue de les brosser. La plus grande partie du gras qui les emmêlait était en fait de la transpiration. Cela me soulage un peu.
- Lumila : J'aime bien tes cheveux! Ils sont tous doux!
J'aimerais sourire, mais je me rappelle des points de suture que mes deux bourreaux m'ont attachés aux lèvres. Alors, je soupire doucement. Je ne peux rien faire, rien dire.... Tout à coup, le tabouret perd sa stabilité, et la petite s'écroule à terre. Je fais remonter un hurlement du fond de ma gorge, mais il ne sort pas.
- Lumila : Aïe!
Je m'agite, paniquée. S'est-elle fait mal? Va-t-elle pleurer? Si ses "parents" entrent, es-ce qu'ils vont en déduire que je l'ai volontairement poussée?
- Lumila : Dorénavant, je ferais attention! Je ne grimperai plus sur un tabouret qui tangue! Sinon, tes cheveux? Comment tu les trouves? Doux?
Je hoche la tête, et une larme fend ma joue. Je souris intérieurement.
- Lumila : Mais il ne faut pas pleurer! Allez, viens!
La petite fille revient, et me prend dans ses bras. Je loge ma tête dans son cou, étrangement heureuse alors que la situation est critique. Peut-être une réaction d'euphorie qui précède la mort. Seul le temps en décidera. Tout d'un coup, la porte s'ouvre à la volée. Mon ex petit ami et son actuelle conjointe entrent. Mike est armé. D'un poignard, plus précisément. Ellen prend sa fille dans ses bras et lui masque la vue. Je ne devine que trop bien la menace qui pèse sur moi. Lumila crie, se débat, Mike abat le couteau sur ma poitrine et... Je me lève en sueur, les draps collés au corps. A mon côté, ma douce petite amie, endormie après de furieux ébats. Je soupire. Cela va faire un an que j'ai rompu avec Mike. J'ai fait ce cauchemar parce qu'il est mort. Ellen est la soeur d'un bibliothécaire du quartier. Ils ne se connaissent pas, en somme. Lumila? Elle n'a jamais existé. Je le sais parce qu'en palpant mes mains et mes pieds, les orteils et doigts disparus dans mon mauvais rêve sont présents. Jeanne? Aussi le fruit de mon imagination sans nul doute, étant donné qu'étant petite, je n'ai jamais vu un quelconque fantôme. Cette enfance créée par mon cauchemar n'est pas réelle. Je ne suis évidemment pas enceinte, à mon plus grand immédiat soulagement. Après avoir déposé un baiser dans la nuque de ma compagne, je la prends dans mes bras et me rendors, paisiblement cette fois.
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| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Sam 9 Jan 2010 - 0:39 | |
| Désolée pour le triple-post... Je n'avais pas la place pour mettre mes deux autres nouvelles dans le post précédent. Je le fais dans celui-ci. Un jour puis un lendemain : - Spoiler:
Tout aurait pu aller si bien... Mais non. Je ne sais pas ce qui se passa cette nuit-là, près de l'étang, et je ne veux pas savoir. Tout ce que je sais, c'est que cela changea ma vie à tout jamais... Ce matin-là, je sortis du sommeil avec un peu de difficulté. Ma nuit avait été loin d'être paisible, mais je n'allais pas m'en plaindre. Je 'étais habituée, de toute façon.
« Chérie! Lèves-toi, tu vas être en retard! »
La voix si familière de ma mère me tira définitivement des bras tentants de Morphée. Je me redressai sur mon lit et m'étirai. Je poussai un soupir, puis me dirigeai vers la chaise de mon bureau, au dossier de laquelle mes vêtements étaient déposés. Je les revêtis sans vraiment me presser et passai un coup de peigne distrait dans mes courts cheveux. Je bâillai, me frottai les yeux et descendit l'escalier en colimaçon qui finit par me guider jusqu'à la cuisine, d'où s'échappait une excellente odeur de café. Je remis une mèche de mes cheveux bien en place derrière mon oreille et m'approchai de la table. Ma génitrice me servit à la hâte une tasse du liquide noirâtre, auquel j'ajoutai deux sucres. Tout en faisant ça, je saisis une tranche de pain de mie. Puis, je tartinai de la confiture de fraises dessus. Maman me l'avait sortie du placard et posée devant ma tasse, comme d'habitude. Elle s'essuya les mains et rangea le bol de mon père dans le placard, avant de s'asseoir en face de moi. Son demi-siècle d'existence avait bien forgé ses rides, mais vu qu'elle souriait beaucoup ces dernières lui donnaient un air sympathique. Elle m'avait toujours dit de sourire. Quand j'étais petite, je lui obéissait sans rechigner pour lui faire plaisir. Mais en grandissant, cela ne m'amusa plus. Du haut de mes vingt-sept ans, je savais que je n'avais pas souri depuis mes dix ans.
« Tu ne manges à nouveau rien ce matin, maman? » « Je n'ai pas faim, ma chérie. » « Mais maman... Roh et puis zut, j'en ait assez de te rabâcher le même discours chaque matin! Tu n'as qu'à faire ce que tu veux! » « En voilà des manières de parler à sa mère! » Me réprimanda-t-elle. « Bah quoi? De toute, tu ne m'écoutes jamais. »
Elle ne répondit rien. Parce qu'elle savait que j'avais raison. Et pourtant, elle ne cessait de sourire. Il faut dire que ma mère n'a pas eu la vie facile. Ses parents l'avaient mise à la porte quand elle n'avait que dix-sept ans parce qu'elle était enceinte de l'homme qu'elle aimait. Mon père. Les parents de ma génitrice ne l'appréciaient guère.
« Alors, tu vas postuler pour quoi cette fois-ci? » Me questionna-t-elle. « Tu le sais bien, maman. Le directeur de la fourrière recherche des jeunes gens et il m'a proposé de m'embaucher. »
C'était aussi simple que ça. J'étais une chômeuse en quête d'un emploi et un homme grassouillet qui venait d'ouvrir une fourrière recherchait des personnes à employer. Des jeunes personnes, avait-il précisé. Il m'avait proposé de s'entretenir avec moi afin d'évaluer mes capacités avant de me donner le job. Selon lui, des gens à faire travailler, ça existait partout où qu'on aille. Tu parles. Dans notre petit village isolé, on était en tout que cinq chômeurs. Il n'avait pas vraiment le choix, s'il voulait que son commerce marche. Je finis d'engloutir mon petit-déjeuner sans vraiment trop me stresser. De toute façon, ça n'était pas le premier employeur chez lequel j'allais postuler. Et je ne me faisais guère d'illusions : Celui-là non plus, malgré le peu de sans emplois qui traînaient dans les rues du village; n'hésiterait pas à décliner mon offre. Il dirait comme les autres. Que j'étais une fille trop froide, trop isolée. Il ne savait pas combien il avait raison... Pour l'aspect extérieur. En vérité, mon petit ami m'avait toujours dit que j'étais quelqu'un de chaleureux. D'ailleurs... En parlant de ce gars... Cela va faire cinq ans qu'on sort ensemble. Je ne l'aime pas vraiment, mais il voulait de moi et mes géniteurs avaient l'air de l'apprécier. C'est normal, vu qu'ils désiraient une descendance. Si je leur disait que j'étais amoureuse d'une fille, ça serait louche. Quelques heures plus tard, j'étais à nouveau chez moi. En colère, j'entrai en claquant la porte, faisant sursauter ma mère. Je poussai un juron tout en enlevant négligemment mes chaussures et en jetant presque mon sac à main dans l'entrée. Je vins me poster sur ma chaise, dans la cuisine, et me prit la tête entre les mains, les coudes sur la table.
« Ils t'ont encore refusée, ma chérie? » « Ouais. Encore un qui juge que je suis belle mais trop froide. Comme d'habitude, n'est-ce pas? » « Ma chérie... J'ai une surprise pour toi. »
L'étonnement me fit relever prestement la tête. Je guettai le sourire plus enjolivé que d'habitude de ma maman. Elle ouvrit la porte de la cuisine, celle qui donnait sur le petit couloir menant au bureau de mon père. Mon petit ami entra. Je jetai un regard interrogateur et incompréhensif à ma mère tandis que mon paternel arrivait, un sourire étirant ses vieilles lèvres et donnant un aspect sympathique à son crâne dégarni. Tout deux posèrent une main joyeuse sur les épaules du jeune homme. Une angoisse sans nom me saisit, moi qui suis d'habitude si calme. Que se passait-il, à la fin? Et puis... N'était-il pas censé être en train de travailler à la pharmacie du coin, comme d'habitude à cette heure-ci?
« Dylan a une grande nouvelle à t'annoncer, ma fille. » Me fit mon père. « Oui. Vas-y, petit. » Le pressa ma mère.
Je sentis mes jambes se mettre à trembler. Non... Il n'allait pas me faire ce coup bas, tout de même? Dylan n'était qu'un faire-valoir. Il m'aimait, mais il savait que ça n'était pas réciproque. Il avait conscience du fait qu'il n'était avec moi que pour de faux, et que je préférais la gente féminine.
« Maria, épouses-moi. »
Si. Il l'avait fait. Je fis des yeux ronds, à la fois de dégoût, de peur et d'incompréhension. Comment pouvait-il oser me faire cela?
« Je... Je... Non! » M'écriai-je.
Les visages des trois personnes qui me faisaient face perdirent contenance. Je profitai de leur hébètement pour monter les escaliers en trombe, peu soucieuse de la chaise que je renversai au passage. Je saisis un sac de sport dans mon armoire et y mit divers vêtements, ainsi qu'un peu de bonbons d'une réserve que je gardais sous mon lit. Je les entendis monter les escaliers. Me mordant la joue, j'ouvris la fenêtre et sautai. On était qu'au premier étage et je n'avais pas grand-chose à faire pour me retrouver sur mes pieds. Une fois rendue sur la pelouse, je me retournai. Ma mère s'était penchée à la fenêtre et me criai quelque chose.
« Maria, reviens donc! Qu'es-ce qui te prend, à la fin? »
Je savais qu'il fallait que je me marie. Déjà que les habitants me voyaient mal à cause du fait que j'étais une chômeuse, je savais que pour me racheter à leurs yeux je devais épouser un homme. Mais tôt ou tard, mes parents sauraient. J'inspirai un grand coup tandis qu'ils sortaient de la maison. Je reculai, puis veillai à être suffisamment loin d'eux.
« Père, mère, je ne peux pas! Parce que... Parce que je suis amoureuse! Dylan le sait! Je suis amoureuse... De... D'une fille! »
En entendant cela, ils s'immobilisèrent. Les villageois s'étaient retournés. Je n'eûs qu'à attendre une poignée de secondes pour les voir arriver vers moi, armés de fourches. Pour eux, même si on était dans une époque moderne, ils considéraient les personnes qui aimaient quelqu'un du même sexe qu'eux comme des démons. Je me mis donc à courir tandis que le jour déclinait. On était en automne. Je n'étais habillée que de la courte robe que j'avais revêtue pour l'entretien d'embauche. Je mis rapidement mon sac de sport en bandoulière pour pouvoir courir plus vite. Les gens me poursuivaient. J'entendis mon père et ma mère crier que j'avais semé le déshonneur sur la famille. Contre mon gré, des larmes se mirent à couler sur mon visage crispé de terreur. Je courrûs, et courrûs encore sans m'arrêter. Le froid mordait mes membres, mais je n'en avais cure. Il fallait que je courre si je voulais sauver ma peau. Mais, aux abords de l'étang, je trébuchai sur une pierre. Je tentai de me redresser, mais mes jambes ne me portaient plus. Alors, je criai. Je criai le prénom de la femme que j'aimais. Quelques minutes après, tandis que je tentai de reprendre le souffle qui me manquait, j'entendis les premiers villageois. Bientôt, tous m'encerclèrent. Je fûs traîtée de diable, et on me cracha dessus. Je m'écroulai sur le dos et reculai en voyant leurs fourches s'agiter devant moi. Ça y est, c'en était fini de moi. Mon dos ne tarda pas à rencontrer la paroi rocheuse de la grotte, tandis qu'une goutte de sueur dévalait ma tempe.
« C'est une abomination! Il faut la tuer, sans quoi elle nous portera malheur! Achevez-la! »
C'est ainsi que la fourche du frère de ma meilleure amie me transperça la poitrine. Je crachai une giclée fulgurante de sang tandis qu'il remettait ça. Les autres personnes du village me rouaient de coups et me griffaient de leurs outils. L'air me manquai. Peu de secondes après cela, je sentis mes forces me lâcher. La poitrine et le corps ensanglantés, je laissai mon visage heurter la terre. Du coin de l'œil, malgré ma vision floutée, je vis les gens repartir en poussant des rires gras. Visiblement, ils étaient contents d'eux. Ils me laissaient là, agonisante, me croyant morte. Mais je ne tardai pas à sentir deux mains palper mon corps. Ensuite, je fûs hissée sur des genoux. Mes yeux s'étaient fermés, je sentais que j'allais bientôt mourir.
« Maria! Maria, réveille-toi! Oh Maria, je t'en supplie! Maria! Ne me laisse pas! »
Cette voix... Je l'aurais reconnue entre mille. Rassemblant mes forces, je rouvris les paupières et passai ma main couverte de sang sur ce doux visage que j'aimais tant.
« Ne meurs pas Maria, pitié! »
Les larmes de ma bien-aimée tombaient sur mes joues tièdes. Elle était là. La nuit était tombée. Un mince filet de sang s'échappait de la commissure de mes lèvres. Je me mis à pleurer, moi aussi.
« A... Anna... » « Maria, chut, ne dis pas un mot... Tu t'épuises trop. » « Anna... Je veillerai... Toujours... Sur toi... »
Oui, je savais que même dans la mort, je ne pourrai me lasser de contempler son doux visage. Les forces me quittaient peu à peu. Il fallait que je lui dise.
« Anna... Pardonne-moi... Je... Je t'aime... » « Je t'aime aussi Maria. Mais tu vas vivre, pas vrai? Tu vas vivre! » « Embrasse-moi... Une dernière... Fois... »
Ses lèvres se posèrent sur les miennes en un unique baiser. Je profitai encore un instant de leur saveur sucrée, avant de rendre mon dernier souffle. Mais, sans que je sache vraiment pourquoi, je sentis une douleur lancinante traverser mon corps. Comme si on me plantait des aiguilles dans les muscles. Je ne tardai pas à comprendre pourquoi... C'est en rouvrant les yeux que je le découvris. Je voyais mon corps inerte dans les bras de mon aimée endeuillée. Je me regardai. De petites ailes vertes avaient poussé dans mon dos, et j'avais infiniment rétréci. J'étais devenue une fée. Je vis Anna saisir son couteau de poche et, sans que je ne puisse réagir, elle se trancha les veines avec. Cela ne suffit visiblement pas à combler sa douleur, car elle ne tarda pas à se le planter dans le cœur. Sa tête retomba sur ma poitrine, à l'emplacement de l'organe vital qu'elle venait de se percer. Deux grandes ailes blanches apparurent dans son dos, et je vis son esprit quitter son enveloppe charnelle. Elle aussi rétrécit. Au clair de la douce Lune qui se reflétait sur l'eau de l'étang, elle me rejoignit. Nous nous unîmes une nouvelle fois par un baiser. Nous étions mortes ensemble. Et même après le trépas, nous restions encore unies. Peu de jours après l'évènement, sa famille la retrouva. La nouvelle choqua tout le village, qui s'en voulût d'avoir provoqué deux morts au lieu d'une. Nous fûmes enterrées côte à côte. Depuis ce jour, les femmes qui s'aimaient eurent le droit de se marier. En bref, toute relation homosexuelle fût tolérée. Malheureusement, cela intervint bien trop tard pour nous. Depuis, nous errons près du lieu de notre mort. Quelquefois, des enfants nous aperçoivent, même si nous sommes minuscules.
Gladiateur irréel : - Spoiler:
En cours, généralement, on s'ennuie. D'habitude, je m'ennuyais toujours. Sauf en Latin. En Latin, c'était classe : On ne se contentais pas de suivre bêtement le programme du livre. Non, on bricolait, on faisait des sorties... Et c'était nettement plus plaisant. En plus, la prof nous mettait toujours à l'aise, elle blaguait et savait nous expliquer les choses par des jeux ou des films. En Latin, c'était cool. Ce jour-là, il y avait un film au programme. On étudiais la gladiature en ce moment, et j'aimais bien cette séquence même si le fait de blesser ou de se faire blesser – si ce n'est tuer – au combat n'est guère réjouissant. Allez savoir pourquoi j'aimais ça. Peut-être parce que, même si je suis une fille, je trouvais que le fait de se battre contre quelqu'un pour les beaux yeux d'une personne qu'on aime est le plus bel acte de bravoure! Comme d'habitude, je m'installai à ma place : Celle tout contre le radiateur, se trouvant juste en-dessous de la fenêtre. C'était bien, parce qu'en hiver, je pouvais avoir chaud et en été, je pouvais ouvrir la fenêtre à la demande de la professeur sans trop me fatiguer. Et en toutes saisons, si le film qu'on regarde m'ennuyait ou que j'avais fini un travail en avance, je pouvais regarder le ciel. Heureusement, ce jour-ci, vu que j'adorais la gladiature et que le film choisi par notre professeur me plaisait, c'était comme si j'étais coupée du monde extérieur. J'avais l'impression de m'être glissée dans la peau du personnage, et je n'entendais plus les bavardages de certaines personnes indésirables. Sauf que... Le décor changea brusquement. Je n'étais plus dans ma salle de classe, mais dans une arène. Je me regardai : J'étais en armure, de la tête aux pieds. Aucun bouclier. Je passai une main dans mes cheveux : La coupe était assez longue, bien que ce soit coupé court. Comme les jeunes filles qui ont une coupe à la garçonne. Et... Mais qu'est-ce qui était donc si lourd dans ma main? Je baissai les yeux sur cette source de poids. Une épée. Une lourde épée que je doutais savoir manier à une main. Je la regardai longuement. La lame était si longue et si large! La garde était noire, et semblait recouverte de velours. Au bout de cette dernière était incrustée une améthyste. Je levai les yeux vers le public, qui manifestait une certaine impatience en huant et en criant. Je pris conscience du fait que je ne rêvais pas en voyant une lance foncer droit sur moi. Je l'évitai de justesse. Mon regard posé sur le poignet remonta et je découvris un bras, ainsi que le visage tordu de haine de mon concurrent.
- Bats-toi, que diable!
Nouvelles huées du public. Je regardai à nouveau mon épée. Étais-je donc capable de soulever une telle arme? La lance fonçait à nouveau sur moi. Je n'avais pas le choix. Mes deux mains se saisirent de la garde et je soulevai l'épée. D'un coup de celle-ci, j'envoyai la lance au loin. D'où me venait une telle force? Je me regardai à nouveau. J'étais très musclée, comme si j'étais un homme ou alors l'une de ces femmes hyper entraînées. Alors... Devais-je en conclure que je m'étais réellement glissée dans la peau du personnage? Il fallait croire que oui. Je ne savais pas comment je faisais pour manier aussi bien l'épée, c'était la première fois que je le faisais. Je connaissais les règles de la gladiature, il fallait que j'achève mon adversaire. Soupirant, j'ôtai une main de la garde et donnai un violent coup en direction de mon vis-à-vis, qui tomba à terre. Quoi, je l'avais déjà tué? Je fermai les yeux durant quelques secondes, avant de les rouvrir.
- Paix à ton âme, mon brave.
Nouveau soupir. Cette phrase, j'avais fait en sorte que seule moi puisse l'entendre. Je levai les yeux vers la loge de l'empereur. Il baissa le pouce. Il fallait que je le tue, définitivement. Je plantai mon épée au milieu de son abdomen, me fichant de la giclée de sang qui m'atteint le visage. Je venais de tuer quelqu'un en étant un personnage de film. J'avais commis un meurtre. Je relevai ensuite les yeux vers la loge de l'empereur, ma lame toujours plantée dans le torse du jeune homme que je venais d'abattre. Le jeu en valait-il la chandelle? Bonne question. Je ne savais même pas pourquoi je me battais. Les grilles s'ouvrirent et je regardai dans la direction de ces dernières. Les fauves. Je refusais de les tuer. Comme pour confirmer cet état de fait, je laissai ma lame dans le corps encore chaud et me redressai, les bras le long du corps. Le lion le plus proche de moi se tenait à deux pas, enchaîné. J'entendis des murmures s'élever un peu partout parmi les spectateurs, ainsi que quelques cris. Je franchis la distance qui me séparait du roi de la savane. J'entendais son ventre gargouiller, même loin de lui. Il rugit. S'il le désirait, en un coup de dents, c'en était fini de moi. Je ne pûs me retenir de le caresser. Et la réaction ne se fit pas attendre : Il tenta de me croquer. Dommage. Je n'étais pas aussi stupide que les autres hommes qui se battaient, je ne voulais pas faire de mal à un animal. Je me redirigeai vers le corps et cherchai mon épée, que je délogeai de la chair de mon concurrent. Épée qui se retrouva bien vite à terre à nouveau. Je traînai le corps du défunt et l'approchai du lion. A peine m'étais-je retirée qu'il le dévora sans pitié. Les huées m'irritèrent, mais je me refusai à me défouler sur cette pauvre bête.
- Gladiateur!
Je me retournai. La voix venait de derrière moi. De la loge impériale, pour être précise. Je m'en approchai et m'agenouillai avec respect devant l'empereur, tête basse.
- Pourquoi ne te bats-tu pas?
Je détournai la tête et fronçai les sourcils. Je n'aimais pas me battre. Moi qui m'était imaginée tout un univers de bravoure et de courage, j'endurais actuellement l'enfer des gladiateurs. Pauvre hommes.
- Réponds! - Je ne puis me battre contre des animaux.
S'il fallait employer une quelconque formule de politesse, je ne l'avais pas apprise. Tant pis s'il m'arrivait quelque chose à cause de cela.
- Tu n'as pas le choix. - Je refuse, empereur. - C'est la mort ou le combat. A toi de choisir.
Je sursautai et fixai l'empereur, le foudroyant du regard. C'était du chantage! Mais après tout, avais-je vraiment le choix? Je ne tenais pas à mourir. Je lâchai un grand et long soupir, avant de me relever lourdement. C'est alors que je pris conscience des blessures qu'on m'avait infligé. Une nouvelle fois, je lançai un regard noir à ce fichu gouverneur. Quel sauvage! Des chuchotis suivirent ce regard. Alors que ce cher empereur s'apprêtait à répondre, je lui tournai le dos. Je retournai énervée chercher mon épée. Il fallait que je me battes... Ou sinon, je le paierais de ma vie. Pour me donner un peu de force, j'imaginai ma professeur de Latin en train de commenter le film. J'en souris intérieurement. Il fallait que je me lance d'une traite. Plus vite cela serait terminé, plus vite j'en serais débarrassée. Après un grand cri, je courrûs vers les fauves. Un à un, je tuai les quatre animaux avec, à chaque fois, un énorme pincement au coeur. Une fois tout cela terminé, je tombai sur les genoux. Une larme dévala ma joue, lavant le sang qui s'était déposé dessus. Des applaudissements se firent entendre. Je n'avais aucun courage, je n'étais qu'un assassin. Mais en tout cas, le massacre était fini. Vraisemblablement, j'étais arrivée à la fin des combats. Au milieu de l'arène, les sourcils froncés et les yeux fixés sur la loge impériale, je me défis de mon armure et de mon épée avec rage. Puis, je retournai dans les loges des guerriers... Pour m'écrouler sur un banc miteux, où je me mis à pleurer. Il n'y avait encore personne. Je finis par me ressaisir : Quelqu'un allait sans doute arriver d'une minute à l'autre. Et... L'instant où quelqu'un se tint devant moi arriva bien vite. Une romaine, vêtue d'une magnifique blanche. Immaculée. Je fronçai les sourcils. Elle était dotée d'une longue chevelure blonde et avait dans les cheveux deux ou trois papillons dorés. Elle était trop belle pour être une simple romaine, ce devait être une princesse ou que sais-je encore! Mais en tout cas, aucun doute possible : C'était une noble. Je fronçai une nouvelle fois les sourcils. Ses yeux étaient d'un joli rouge, mais cela ne suffisait pas à me faire changer d'avis : Elle s'était délectée du « spectacle » sans rien faire pour le stopper.
- Relève-toi, gladiateur.
Je n'en fis rien. Quelqu'un déposa mon armure et mon épée à mes côtés. Je leur jetai un regard dégoûté et les poussai à terre d'un coup de bras. Quelle insolence!
- Je ne suis pas un gladiateur. - Pourtant, tu t'es battu. - Et vous n'avez rien fait pour empêcher le massacre! - Tu te trompes. Je ne cessais de dire à mon père de stopper ce spectacle, mais il ne m'écoutais point. Les jeux du cirque le divertissent trop.
J'eûs un rire nerveux et ironique. Si c'était une blague, elle était vraiment mal choisie!
- Tu n'es pas un homme, gladiateur. Me tromperais-je?
Alors là... Je restai béate d'étonnement. Ma main revint fouiller dans mes cheveux. C'est alors que je pris conscience d'une douleur au niveau de la poitrine. Perdue, je regardai mes bras : J'étais bel et bien musclée, presque comme un homme! Et pourtant... Je levai des prunelles surprises vers cette femme.
- Qu'en savez-vous?
Elle rit. Un joli rire cristallin. Je croisai les bras sur mon torse douloureux.
- Je le sais parce que je t'observe depuis longtemps, Caïus. Ou bien dois-je t'appeler Caïa? - Ne me nommez pas!
Énervée, je me relevai. J'avais presque la même taille qu'elle. Intriguée par ses propos, j'ôtai le haut de ma tunique... Et découvris une large bande de cuir, pratiquement semblable à un bandage. Elle m'entourait la poitrine. En effet, j'étais une femme. Je secouai la tête avec agacement avant de me rhabiller.
- Qui êtes-vous donc? - Tu devrais le savoir.
Ca n'était pas une réponse, et à en juger par son sourire, elle le savait bien. Elle me rappelait une fille de ma classe. Je détournai les yeux.
- Ici, on me nomme Flavia.
Je la détaillai une nouvelle fois du regard, puis fronçai encore les sourcils.
- Je ne me battrais plus. - J'y compte bien! Suis-moi. - Où allons-nous? - Tu le sauras bien assez tôt.
Je me frottai les yeux. Elle me tendait la main.
- Dépêche-toi, avant que le père de Flavia n'arrive! - C'est ton père. - Non. - Alors qui est-tu? - Une fille de ta classe. Sarah. Dépêche-toi, le film est en pause et il faut qu'on s'en aille! - Mais... Je n'y comprends rien! - Ne poses pas de questions et vient! - Non! - Ecoute, tout ce que tu as vécu est similaire à un rêve. Nous devons quitter l'enveloppe des deux personnages que nous avons pris avant que le film ne reprenne!
Je n'y comprenais rien, mais cela n'avait guère d'importance. Je saisis sa main, et une forte lumière m'éblouit. C'est en sursautant que je revis peu à peu le décor de ma salle de classe. Mon professeur de Latin parlait. Je regardai l'image : Flavia était devant Caïus. Caïus, le gladiateur, était d'ailleurs en train de rire. Alors, tout cela n'avait réellement été qu'un songe saugrenu? Je regardai en direction de Sarah, puis à nouveau vers l'image. L'armure et l'épée étaient par terre. Tout ce dialogue avec ma camarade faisait donc partie d'un rêve? Tout cela pouvait donc réellement se passer lorsqu'on mettait un film en pause? Pour la seconde fois, je regardai la jeune fille qui m'avait sortie de cet enfer. Elle me souriait. Je lui rendis un sourire rassuré. La cloche sonna. A la fin du cours, je l'attendis. Nous nous rendîmes au cours suivant en riant, et en discutant de cette curieuse aventure. Vraiment, hormis le cours de Latin, les autres étaient tous plus que barbants!
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| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mar 19 Jan 2010 - 16:50 | |
| Ca ne rentre plus dans un seul post ==". Voilà les kits de mes personnages. (Et désolée du quadruple-post X.x') Avatars : - Spoiler:
Signatures : - Spoiler:
Non aboutis : - Spoiler:
Dernière édition par Rose Noctalis le Ven 5 Mar 2010 - 22:32, édité 22 fois |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Sam 30 Jan 2010 - 11:32 | |
| Han trop beau!!!!!!
J'veux faire pareil mais bon > Par contre ce que t'a écrit je les lirais plus tard x) |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Dim 31 Jan 2010 - 0:15 | |
| Lol tu sais, c'est pas extraordinaire ce que je fais ^^ Mais merci.
Enfin quelqu'un qui poste ici, hallelujiah *O*! |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mar 9 Fév 2010 - 17:18 | |
| Je vais me faire taper sur les doigts pour avoir double-posté encore une fois, mais tant pis XD. Un texte que Razgriz m'avait piqué pour participer à un concours \o/. Il est pas mal glauque, alors prière aux âmes sensibles de s'abstenir. Le Nectar Blanc - Spoiler:
Mille et une pensées. Mille et une étoiles. Et si chaque pensée était une étoile? Cette idée m'effleure souvent l'esprit, bien que je ne puisse point donner de réponse à ce mystère. Mais... Et si, en plus d'être une pensée, chaque pensée était l'âme d'un défunt? Je secoue la tête, chassant cette idée morbide de mon esprit. Et maintenant? Je soupire. Maintenant, je suis seul. Seul avec une bouteille. Seul avec mes amis, au milieu d'une musique qui déchire les oreilles. Sur la table, il y a la "Poudre Blanche qui fait Rêver". C'est comme ça qu'ils l'appellent. C'est une nouvelle drogue, inconnue et de leur création. Elle ne porte pas encore de nom. Quand je leur ai demandé avec quoi elle était faite, ils m'ont répondu des choses invraisemblables telles que "des poils de loups", "des cheveux" ou "des os de morts". Quoique, cela expliquerai bien des choses. Mais je refuse d'y croire. Je refuse catégoriquement de me laisser divaguer à penser cela. Leur drogue fait rêver, oui, mais ils y sont complètement dépendants. De vrais abrutis. Il m'y ont fait goûter, et moi aussi j'en veux encore. Mais pas au point d'être défoncé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ils sont chômeurs, pas moi. J'ouvre la bouteille de whisky qui se présente à moi, et en avale une longue gorgée. Je préfère de loin l'alcool à leur satané truc. Mais les deux rendent dépendants.
- Allez, mec! Prends-en aussi!
Je hausse les épaules. Après tout, j'ai moi aussi envie de m'évader, ce soir. Alors, j'en consomme aussi. Une grande quantité. Et je laisse ma tête choir sur le dossier du fauteuil dans lequel je suis assis. Les yeux mi-clos, je pénètre un autre monde. Un monde où un enfant me sourit et m'appelle "papa". Un monde où une femme rit et m'appelle "mon amour". Sauf que tout ce bonheur est éphémère, à la fin du rêve, ça finit toujours mal. La preuve : Le gamin s'en va marcher sur la route. J'aperçois une voiture au loin et, alors que je veux m'élancer, la femme l'a déjà fait. Et bientôt le goudron est ensanglanté. J'essaie de courir pour voir s'ils sont en vie, mais je ne peux pas. Baissant les yeux, je me rends compte que je suis en fauteuil roulant. Et amputé. Le retour à la réalité est dur, à chaque fois. Cette fois, je reviens au monde réel en hurlant. Leur satané truc... Il y a un silence. Tous sont en train de rêver. Je fouille dans les poches d'un de mes junkies d'amis. Bingo, c'est le gros lot. Sur un papier plié je ne sais combien de fois, il y a un petit coeur noir. Je sais que c'est le signe qui leur permet de distinguer leur chère et tendre drogue des autres. C'est le moyen de fabrication. J'ouvre le papier.
"FABRICATION DU NECTAR BLANC (Notice écrite par Stefferson)"
Je m'arrête là et prend conscience du danger dans lequel ils se sont fourrés. Stefferson, ce n'est pas un drogué. C'est un avocat de renom. Ainsi, cette foutue poudre blanche serait son œuvre? Et en plus, elle aurait un nom? Le "Nectar Blanc"... Quelle cochonnerie. Je continue de lire ce morceau de papier écrit par un homme qui a encore toute sa tête, qui est sobre en toute circonstance.
"Premières opérations : - Déterrer le corps d'un défunt dans un cimetière - Abattre le loup d'un zoo - Cueillir du Crastol"
Alors comme ça, ils ne me mentaient pas? Le Crastol... C'est une fleur blanche extrêmement rare qui ne pousse que dans des catacombes. Une plante carnivore.
"Secondes opérations : - Arracher les cheveux du cadavre et le disséquer pour en sortir les os - Tondre le loup et lui couper la queue - Arracher les pétales du Crastol - Remplir un grand bol du sang du loup
Troisièmes opérations : - Mettre les pétales, les cheveux et les poils dans le bol - Réduire les os en une fine poudre - Découper la chair de la queue en petits dés
Quatrièmes opérations : - Rassembler le tout dans le bol et mélanger énergiquement - Mettre au congélateur durant quarante-huit heures
Dernière opération : - Une fois la préparation devenue poudre, la sortir du congélateur et la consommer le soir même
Veillez bien à ce que personne ne lise cette notice!"
Le papier tombe de mes mains et je vomis mes tripes. C'est trop glauque pour moi. Je regarde mes amis. Ce ne sont que des assassins et des profanateurs de tombes! A la télévision, on les recherche activement : Ils doivent payer pour leurs crimes. Je cours dans la chambre de Joey, celui qui organise toujours ces soirées défonce et qui possède l'appartement dans lequel elles se déroulent. Je sais que dans son chevet se trouve un neuf millimètres. Je le saisis en manquant de faire tomber la table de nuit et revient au salon en quatrième vitesse, trébuchant à chaque pas. A mon retour, ils sont tous réveillés. Je pointe le pistolet sur eux, les mains tremblantes et le regard effrayé.
- Pose cette arme.
Je me tourne vers l'origine de cette voix. Stefferson est là. Je lâche un grand cri d'horreur et l'abat de plusieurs balles sous le regard neutre de mes amis, qui subissent bientôt le même sort. Puis, je tombe sur les genoux et pleure comme jamais. Je suis pareil à une fontaine. J'ai tué mes amis, j'ai tué un avocat. J'ai consommé l'œuvre de meurtriers. Je plaque le neuf millimètres sur ma tempe. La porte est défoncée et je vois des policiers débarquer, vêtus de pare-balles. Ils restent un instant figés en observant le massacre et le sang partout. Même moi, je suis ensanglanté : Je me suis pris je ne sais combien de giclées d'hémoglobine au visage. Je regarde l'endroit où j'ai fait tomber la notice. Le corps dégoulinant de sang et sans vie de Stefferson gît à moitié dessus, mais on peut encore voir le papier. Je pousse un grand cri à m'en déchirer la gorge, et je tire. Je ne vois plus rien, et n'entends plus rien non plus. Noir. L'idée que chaque étoile soit une pensée ou l'âme d'un défunt m'effleure souvent l'esprit. Et je n'avais aucune réponse jusqu'à aujourd'hui.
Dernière édition par Rose Noctalis le Mer 24 Mar 2010 - 17:52, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mar 9 Fév 2010 - 18:02 | |
| J'aime beaucoup la dernière nouvelle (les autres aussi d'ailleurs :)). Bon, donc il va me falloir une pelle, une tondeuse... |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mer 31 Mar 2010 - 16:28 | |
| Une autre nouvelle, qui marine depuis hier. Elle est plutôt déprimante, par contre. L'hirondelle prend son envol - Spoiler:
Qu'est-ce que je fais ici, à votre avis? Au bord de ce pont désert, au-dessus d'une autoroute où la circulation est très fluide et où les automobilistes ne respectent pas du tout les limitations de vitesse? A votre avis, qu'est-ce qu'une jeune fille comme moi fait là? Une légère brise fait virevolter mes cheveux très fraîchement coupés. A mes pieds gisent mes cheveux les plus longs. D'un coup de canif, j'ai coupé ma queue de cheval, et les longues mèches dont était faite ma chevelure sont retenues par un simple élastique noir. Mais cela n'empêche pas la bourrasque de les agiter. Je porte mes deux bras couverts de cicatrices à mes yeux. Je sais très bien ce que je veux faire, pourquoi je suis ici. Même ma robe le prouve : Simple, noire, elle s'arrête à mes genoux et possède deux épaisses bretelles, qui me cerclent les épaules. Elle est aussi noire que les ténèbres. Car dans le noir, le sang ne se voit pas. Et... Après tout, le noir est la couleur de l'amour éternel. Je soupire. Il n'est plus temps de penser à cela. La brise devient plus forte, faisant s'échapper quelques unes de mes mèches, bien que le plus gros soit encore retenu par l'élastique. Un bref sourire soulève les coins de ma bouche. Je les regarde de haut, et d'où je suis, personne ne peut me voir. Personne ne se souciera de ce qu'il adviendra de moi dans les secondes à venir, pas vrai? Je mets mes bras en croix. Mes bras scarifiés, dont une cicatrice encore fraîche laisse s'échapper une petite et fine, presque poétique gouttelette de sang. Je suis pieds nus : Pas besoin de chaussures pour aller là où je compte me rendre. J'aimerais pleurer. Me rapprochant encore du bord du pont jusqu'à avoir les talons pour seuls appuis, je ferme les yeux. Rassemblant ma force sur mes pieds, je m'en sers pour me projeter et, ainsi, sauter. Les pieds joints et les bras en croix. Durant la chute, je peux presque sentir le vent s'intensifier, comme s'il voulait me retenir. Une larme cristalline dévale ma joue. Je pourrais dire "adieu" tout de suite, mais quelque chose me dit que ce n'est pas fini. Et j'ai raison. La preuve : Alors que le soleil sort de derrière un nuage et que l'odeur de l'asphalte parvient à mes narines, je sens quelque chose me percuter. Contre mon gré, un gémissement de douleur remonte. Je rouvre de grands yeux effarés, tandis que quelque chose m'est rentré dans l'estomac. Une voiture. Une lamentable petite Citroën. D'ailleurs, le conducteur perd le contrôle du véhicule et nous dévions sur le côté. Projetée par la force de l'impact, je heurte les barrières métalliques de l'autoroute. La bagnole n'arrive pas à se stopper à temps, et me rentre encore dedans. Je crie. Un cri de douleur. Un cri dans lequel je crache du sang. Comme dans les films ou les mangas, exactement. La Citroën recule un peu, et je m'étale par terre. Mes membres doivent être ensanglantés, je n'ose pas imaginer mon état. Mes muscles sont engourdis et j'ai des fourmis dans tous le corps. La joue contre l'herbe sèche du bord de la route, je tente de respirer. Il n'y a qu'un simple filet d'air bien que je m'efforce d'en avoir d'avantage. Je dois avoir la respiration saccadée et haletante, comme un vieux phoque. Je devrais avoir atrocement mal, et pourtant, je sens juste un serpent de feu prendre possession de mes veines, m'ôtant toute souffrance. Ma vision commence à devenir floue. Des tâches noires, encore plus floues, commencent à envahir le champ de vision de mes globes oculaires. Comme des tâches d'encre qui tombent sur une vieille photographie, mais en moins nettes. Des tâches d'encre noire. Et les tâches s'élargissent, devenant de plus en plus proches et de plus en plus visibles à chaque seconde, jusqu'à ne me laisser qu'un mince filet d'images. Les images de ce qu'il se passe, bien entendu : Des formes indistinctes et imprécises, des couleurs mélangées et indescriptibles. Je sais qu'on doit être en proie à une angoisse atroce tout autour de moi, et pourtant, je ne sens rien. Une larme s'échappe encore de mes yeux, et vient heurter ma main. Je devrais la sentir me chatouiller. Mais non. Elle ne me chatouille pas la joue. Elle finit sa course dans l'une des probables plaies de ma main, et me pique à peine. J'ai la désagréable sensation d'être anesthésiée. Anesthésiée par la douleur, anesthésiée par la tristesse. Le temps d'une respiration et je ne vois plus rien. C'est le noir complet. Je n'entends plus rien, non plus. Je ne sens plus mon corps. Ma poitrine se calme finalement, minuscule minute après minuscule minute, incroyablement lente seconde après une autre seconde toute aussi lente. J'expire mon dernier souffle. Je pense qu'à présent, vous avez votre réponse quant à ce qu'une demoiselle de mon âge fichait en haut d'un pont. Le suicide, qui est décrit comme l'ultime courage des vaincus, était une pratique à laquelle je venais de m'adonner. Avec plus de souffrance certes, mais j'y suis quand même parvenue. Je ne me suis pas loupée. En haut de ce pont, avec ma tignasse découpée, mes parents trouveront une lettre d'adieu signée de ma main. Une lettre sur laquelle quelques larmes sont tombées. Maintenant, je n'ai plus mal. Je ne sais pas où je suis, je ne sais pas si je saurais vous décrire l'endroit où je me trouve avec les mots justes. Mais je sais que je suis morte. L'hirondelle immaculée de la mort a emporté ma douloureuse vie. L'hirondelle a pris son envol, me délivrant de toutes mes peines.
Edit : Ci-dessous, l'image qui me l'a inspirée. Par contre, les spoilers buguent, c'est plutôt chiant >.<'. - Spoiler:
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| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mar 20 Avr 2010 - 21:16 | |
| (Désolée du double-post) Petit texte qui me brûle les doigts. J'ai besoin d'extérioriser ça en dehors des RPs n.n'. La rage du vaincu - Spoiler:
Vingt-deux heures quinze. L'heure de mon trépas artificiel. Cette envie de vomir, de m'égosiller à m'en briser les cordes vocales, de pleurer, de tout casser. Jamais je ne me suis sentie aussi mal. Le bouchon a été poussé trop loin pour moi, un peu plus et j'aurais atteint le point fatal de non-retour. Je ne suis qu'une brindille. Une brindille qui craque, se soumet, brûle et meurt sous la langue avide d'une flamme. Cette foutue flamme qu'est celle du mépris. Sérieusement, c'est n'importe quoi. Un bazar absolu et sans aucun sens, un capharnaüm monstrueux. De cinq nous sommes passés à deux. De deux, nous sommes trop impuissants. Trop vulnérables. Et ça fait mal. Ca ronge encore plus que de l'acide, ça marque encore d'avantage qu'une cicatrice au fer rouge. Mais tout ça, c'est psychologique. Quel bordel. La psychologie humaine, foutu dédale, connerie de puits sans fond. L'être humain est une maison bancale. Et de cette faille est née sa psychologie, son mental. L'être humain se prend la tête pour rien, se complique la tâche sans aucune raison valable. Parfois, ce serait sans doute mieux d'être un animal. En gros, tu fermes ta gu*ule et tout va bien. Normalement. Comme partout, il y a ces foutues exceptions. L'humain est un être irrécupérable. Complètement à côté de la plaque, et ce dans toutes les circonstances. Tous ces troubles qui fascinent tant et qui pourtant font si mal. A côté de l'humain, les grizzlis ne sont sans doute rien, si ce n'est des anges. Les anges les plus purs. Et maintenant, je dois dégobiller quelque chose. Alors je vomis des mots, à défaut de mieux. Bien que ça ne m'empêche pas d'avoir un haut-le-coeur. Quelle stupidité aberrante. M*rde. Les animaux sont cinquante millions de fois mieux que les humains. Ils ne se posent pas de questions, ils agissent. Point barre. Alors pourquoi est-ce qu'on se complique tant la tâche? On doit être vraiment c*ns. La preuve, pour s'exprimer, il y a le plus souvent une insulte dans nos dires. Si la fin du monde est si proche, pourquoi elle s'est pas magnée l'arrière-train? La Terre sans les humains, c'est sans doute le must. Moi, critique? Non, juste réaliste. L'homme a plusieurs facettes, toutes plus biscornues les unes que les autres. Au fond, il faudrait bien que quelqu'un mette fin à ce cinéma sordide et inutile. De toute façon, personne n'est immortel. Tôt ou tard, on trépasse et on finit dans une urne ou un cercueil. Alors à quoi bon se battre, sérieusement? C'est trop bête. Hey, vous les militaires, vous vous demandez jamais pourquoi vous exécutez bien sagement les ordres donnés par ces gars tirés à quatre épingles, qui sont soigneusement assis sur leurs fesses dans un bureau sans rien savoir de ce que vous ressentez? Manifestez-vous, au lieu de vous taper dessus comme des imbéciles! Tout à une fin. Tôt ou tard, on mourra aussi. Alors même si la vie en vaut le coup, il ne faut pas oublier qu'elle n'est en aucun cas un conte de fées. Et qu'un jour ou l'autre, elle se finira. En attendant, rêvez et profitez.
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| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mar 25 Mai 2010 - 20:40 | |
| Up du sujet (désolée du triple-post >.<'). Ajout d'une petite nouvelle écrite hier soir (je ne l'ai pas encore relue, désolée pour les probables fautes!). Elle m'a été inspirée par un kit tout simple que je faisais par ennui. -> Le kit (non abouti) : - Spoiler:
-> La nouvelle : " La Rose de Vénus" (ou "I've killed my wife...")- Spoiler:
I've killed my wife... Les lueurs du feu de camp crépitaient sur l'écorce sombre des arbres alentours, les grandissant et les rendant aussi menaçants qu'une armée de meurtriers aux armes tranchantes et acérées. Je leur avais promis de leur raconter une histoire. Mon histoire. Je pris entre mes doigts l'une de mes mèches de cheveux blanchies par le temps, et commençai mon récit.Le jour où je l'ai rencontrée pour la première fois, j'avais tout juste vingt ans. Elle avait pile poil cinq ans de plus que moi, soit vingt-cinq ans. J'étais née le vingt-sept Novembre et célébrai mon anniversaire. Un ami à moi l'avait invitée à la fête. Durant la soirée, nous fîmes connaissances. Ainsi, j'appris qu'elle était née un vingt-sept Juillet. Nous échangeâmes nos numéros de téléphone, envieuses l'une et l'autre de nous revoir. Peu de temps après, je fûs embauchée dans un job de tueuse à gages. Assez rapidement, on me surnomma « The Black Cat ». Pourquoi? Oh, simplement car, lors de mes crimes, j'agissais toujours dans l'obscurité avec deux oreilles de chat sur la tête. La journée, j'étais une citoyenne tout à faite normale hormis ma chevelure verdâtre. La nuit, je devenais une tueuse pourchassée par les policiers. Je menais une double-vie. Certes, c'était épuisant, mais je n'en avais cure : C'était tellement distrayant! Cela m'empêchait d'avoir un quotidien type métro-boulot-dodo. J'avais commencé à prendre l'habitude de téléphoner ou d'envoyer des messages à la charmante demoiselle de mon anniversaire. Peu à peu, je m'en entichais. Sans m'en rendre compte, bien sûr. Une nuit, une mission assez spéciale me fût confiée. En effet, moi qui avais l'habitude de devoir exécuter des hommes, je me retrouvais à devoir tuer une femme. J'y allai sans me faire prier, ne me doutant pas une seconde de ce que j'allais être obligée de faire. Je fis courir ma victime hors de chez elle, la pourchassant dans les rues. J'étais vêtue, comme à chacune de mes missions, d'une combinaison serrée en cuir noir. Elle, son corps était juste revêtu d'une fine robe de chambre en flanelle et dentelles noires. Une brise hivernale soufflait, et la pauvre courrait pieds nus sur le bitume froid. Je n'ose encore aujourd'hui même pas imaginer combien elle a dû avoir froid, cette nuit-là. Je la fis fuir loin de chez elle, très loin. Je la chassai telle une prédatrice à travers les ruelles obscures, étroites et dangereuse de la grande ville où nous habitions. Mais, alors qu'elle était prise dans une impasse, mon cœur se fendit en deux. J'étais dans l'obscurité, mais elle, elle était éclairée de la faible lumière blafarde d'un lampadaire. Son visage était couvert de sillons humides, attestant des sanglots qu'elle avait dû verser et que j'avais parfois entendus. Mais ces cheveux roses, ce corps fin et bien dessiné... Je le reconnaissais. Une boule se forma dans ma gorge. C'était elle, je l'avais reconnue. Cette splendide donzelle dont j'avais fait la connaissance à ma fête d'anniversaire, qui me semblait bien loin à présent. J'étais déchirée : Si je ne faisais pas mon travail, mon patron me trancherait la gorge. Mais si je la tuais, j'en mourrais. Elle et moi, nous nous étions promis le mariage. Je l'aimais à m'en damner. J'étais même prête à mourir pour elle. Cette nuit-là, j'avais un choix à faire. Perdre mon cœur ou perdre la vie. Inconsciemment, mon choix était déjà fait : J'étais prête à mourir pour ses beaux yeux. Ainsi donc, je ne la tuai pas. Mon revolver resta bien sagement dans ma botte, et je m'approchai d'elle. J'ôtai mes oreilles duveteuses, et elle me reconnut. L'effroi dans ses yeux sembla s'amoindrir. Je me mis sous le lampadaire avec elle, la serrant de toutes mes forces dans mes bras, pleurant à l'unisson avec elle. De joie ou de peine, moi-même je n'en savais rien. Cette nuit-là, dans un hôtel, nous fîmes l'amour comme jamais. Comme s'il s'agissait là des derniers instants qu'il nous était donné de vivre ensemble. Nous fîmes l'amour à nous en damner, hurlant à nous en briser les cordes vocales. Elle s'endormit dans mes bras, et ensemble, nous plongeâmes dans la douce couverture du sommeil. Une trêve bien trop brève, hélas. En effet, le lendemain, nous fûmes réveillées en sursaut : Mon patron, ayant eu vent de ma dérobade, avait défoncé la porte. Je gardai la jeune femme dans mes bras aussi longtemps que je le pus, mais nous fûmes bien vite séparées. Nues dans la chambre d'hôtel, trop loin l'une de l'autre, chacune tenue par l'un des molosses de mon employeur. Elle pleurait, et moi aussi. Cette preuve d'émotion me valut un bon crochet du droit dans la mâchoire. Ils pouvaient bien me malmener, j'étais prête à mourir pour elle. A crever la bouche ouverte et dans les pires souffrances même; pourvu qu'ils la laissent tranquille. Mais cela n'arriva, à mon plus grand dam, pas. C'aurait été trop beau! On me mit mon arme dans la main, et un ultimatum me fût exposé. Soit je la tuais, soit ils la tuaient. Je voyais la peur poindre dans les yeux de ma belle. Mais les deux choix étaient trop durs, et je n'étais pas assez lâcher pour mettre fin à mes jours. Dans un « pardon » crié de toutes mes forces, je lui envoyai une balle dans le cœur, fermant aussi fort les yeux que je le pus. J'entendis son corps s'écrouler à terre, et tandis que je sanglotais, on m'assomma. La dernière chose que je sentis avant de sombrer dans les ténèbres fût la main de ma ''femme spirituelle'', serrant une dernière fois ma main dans la sienne, entremêlant nos doigts avec amour. Lorsque je me réveillais, je sentis la froideur de chaînes m'entraver les chevilles et les poignets. Je mis du temps à prendre conscience d'où je me trouvais : Dans une prison personnalisée, dans les appartements privés de mon patron. J'avais encore le revolver en main, sans parvenir à le lâcher. On m'avait vaguement passé une chemise de nuit en soie rouge sur le corps. Aussi rouge que le sang. Du reste, je ne m'en souviens guère. C'était comme si ma mémoire, hormis ces instants, avait été effacée. Je savais que je m'appelais Rose, mais c'était bien tout. Ah, et je me rappelais aussi que ma tendre amoureuse se prénommait Vénusia; et que je l'avais affectueusement surnommée Vénus. Comme la déesse. Un matin, je me réveillai dans une salle d'hôpital. Je ne sais toujours pas ce qui se passa durant tout ce temps-là, mais en tout cas à ce moment-là, j'avais des rides et les cheveux blancs. Et ce n'était pas un rêve. Je redressai la tête vers mes interlocuteurs. Ils connaissaient la suite. Mon réveil à l'hôpital s'était déroulé il y avait trois jours de cela. Mais au moins maintenant, ils comprenaient la douleur qu'ils pouvaient voir dans mes yeux. Du moins, je l'espérais.Do you understood my pain, now?
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| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mar 25 Mai 2010 - 22:11 | |
| Tes textes sont magnifiques. Je n'avais pas encore prit le temps de jeter un œil, mais maintenant que c'est plus que fait, je te félicite. Que ce soit les poèmes ou les nouvelles, les us et les autres sont entrainants, chaque histoire nous emmenant dans un lieu différent. Et de plus tes kits sont vraiment bien réalisés. |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mer 26 Mai 2010 - 16:23 | |
| Merci ^^ Ce n'est pourtant pas grand-chose (pour les kits surtout). Une fois que je l'aurais envoyée, je posterais sans doute la nouvelle que j'ai écrite pour un concours. |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mar 6 Juil 2010 - 13:27 | |
| Comme promis, la nouvelle que j'ai envoyée au concours. Je la poste un peu en retard par contre, désolée ^^". Et la mise en page a m*rdé, par contre (oui, il en fallait une spéciale). S'envoler en vol - Spoiler:
I. « Améthyste. Voilà comment je me nomme. Mes parents m'ont donné ce prénom à cause de ma marraine, mais il ne me plaît pas. Pourtant, les améthystes sont de belles pierres! Tellement belles que je ne leur arrive pas à la cheville. Je n'aime pas ce monde, je n'aime pas les humains. Ils sont trop risibles. Ils se tapent dessus pour une broutille, et bien souvent cela dégénère en guerre. Quelle stupidité. Mais les corbeaux... Ah, les corbeaux! Ils m'ont toujours fascinée. Du haut de mes dix-sept ans, je rêve encore de faire partie des leurs. Leur plumage d'ébène et leurs yeux charbon m'ont attirée dès que j'en ai vu un pour la première fois. Leurs serres si dangereuses sont tout bonnement magnifiques. Ces oiseaux sont la perfection incarnée. Pour moi, tout du moins. J'aimerais tant voler avec eux. Ils inspirent bien souvent la peur ou l'inquiétude, mais pas pour moi. Pour moi, ce ne sont que des messies. Ils sont les sauveurs de l'humanité, parfaitement! Le jour où la fin du monde arrivera, ils seront là et nous prépareront à une nouvelle vie. Je l'espère, tout du moins. Ils ne sont pas dangereux. Bien souvent, je me suis allongée dans l'herbe à leurs côtés. Ils ne m'ont rien fait. Je les aime, ces volatiles. » La jeune fille referma son journal, un petit sourire éclairant ses lèvres badigeonnées de noir. Avec un soupir satisfait, elle rangea le cahier sous son matelas, puis alla se coucher. Le lendemain serait un autre jour. Dès son réveil, elle écrivit à nouveau. « Je n'ai pas compris ce qu'il s'est passé. Ce matin, en me réveillant, j'ai trouvé que mes yeux étaient noirs. Maman m'a permis de rester à la maison. De toute façon, à elle, un petit mal de tête lui suffit pour qu'elle fasse un billet justifiant une absence, et qu'ainsi on puisse faire la marmotte à la maison. Mais elle ne m'a pas vue. » Entendant des pas dans l'escalier, elle rangea à nouveau ses affaires et fila sous les couvertures. Elle fermait les yeux quand la porte de sa chambre s'ouvrit. Elle avait reconnu le pas de sa mère, qui à présent devait être sur le seuil. Bientôt, elle entendit un pas plus lourd. Son père. Ils chuchotèrent quelque chose qu'elle ne comprit pas, et s'en allèrent en fermant la porte. Lorsqu'elle rouvrit les paupières, elle vit un corbeau planté sur le rebord de sa fenêtre. Elle lui sourit. « Je n'y comprends rien! Hier, c'était juste les yeux. Mais ce matin, mes pieds sont devenus comme... Griffus. Un peu comme des serres. Et j'ai quelques plumes de jais sur le corps. Qu'est-ce qui se passe? Maman m'a autorisée à rester à la maison, et je sens son inquiétude. Et même si elle est inquiète, elle n'imagine pas à quel point tout cela m'effraie. » II. La jeune fille se transformait. Plus les jours passaient, plus elle changeait. Au bout d'une semaine, à son réveil, elle ne fût plus. Son enveloppe charnelle était restée la même, comme si rien ne s'était passé, mais elle, elle n'était plus à l'intérieur. Elle se posta devant son miroir. Elle n'était plus humaine. Elle était devenue l'un de ces oiseaux qu'elle avait toujours admirés. Un corbeau. Soudain, la voix si désagréable de sa mère retentit. Elle l'entendit grimper les escaliers à la hâte, comme à chaque fois qu'elle était porteuse d'une bonne nouvelle. Dès que la porte se fût ouverte, elle se jeta sur sa fille... Pour découvrir un corps froid et inerte. Elle cria à s'en briser les cordes vocales. Remarquant le corbeau, elle s'arma d'un balai et, poussant jurons sur jurons, le ficha à la porte. Ainsi donc, sa fille, devenue corbeau, se fit sans ménagement jeter dehors. Elle resta sur le pas de la porte pendant longtemps. Lorsqu'elle entendit le bruit si familier de la voiture de son père, elle s'en alla dans le jardin et regarda les couleurs violacées du coucher de soleil. Elle déployait ses ailes, mais ne parvenait pas à s'envoler. Elle entendait les sanglots de sa mère à l'étage, et les cris désespérés de son père. Quelques corbeaux se posèrent près d'elle. Ils ne parlaient pas, mais chacun se comprenait par un langage inconnu. Elle était perdue, dans tout cela; quand soudain, sa génitrice ouvrit la baie vitrée et chassa sans ménagement ces êtres dotés d'un plumage. Sans savoir comment elle y parvint, la jeune fille s'envola. Elle suivit machinalement l'un des corbeaux qui s'était posé avec elle. Et maintenant? Elle le suivit longtemps. Si longtemps, qu'elle fût surprise de voir que ses ailes tenaient le coup. Puis finalement, ils se posèrent tous dans un jardin couvert d'herbes hautes. La maison devant laquelle ils se trouvaient était vieille. Le bois était vermoulu, les carreaux brisés. Les planches de bois étaient trouées, et on voyait çà et là des rongeurs se balader dans les murs de cette vieille baraque. Elle jeta un regard perdu à celui qu'elle avait suivi. Les autres s'en étaient allés à l'intérieur de la maison. Elle le suivit docilement quand il entra à son tour dans cette baraque abandonnée. Dès qu'elle y fût elle aussi entrée, elle grimpa sur un vieux fauteuil dont les ressorts sortaient. L'eau de la plus récente pluie l'avait recouvert d'un voile humide, preuve que le toit était en mauvais état. Du coup, le tissu était pourri. Toute l'habitation sentait pourtant cette agréable odeur de vieillesse. La vieillesse des hommes et des femmes sages. Quand tout à coup, la porte déglinguée fût poussée. Certains corbeaux croassèrent, mais la demoiselle resta sur le fauteuil. Un jeune homme entra. Elle l'avait déjà vu. Elle était en classe avec lui. Il vint au milieu de la pièce. Il tendit la main comme les fauconniers, et à la plus grande surprise de la jeune fille, un corbeau se posa sur son doigt. Il sourit, et lui caressa la tête. - Alors comme ça, il y a une petite nouvelle? Le corbeau croassa à nouveau, comme pour approuver ses dires. Il s'envola, et alla se poser aux côtés de la donzelle métamorphosée. Un sourire charmeur éclairait les lèvres du garçon. Elle recula un peu, mais avant qu'elle n'aie pu se mettre à l'abri, il l'avait prise dans ses bras. Elle poussa son cri le plus fort. Un cri de corbeau. Ses ailes se déployaient et elle gigotait, mais il ne la lâchait pas. - Doucement ma belle, doucement. Tu es chez toi, maintenant. Apaisée par les paroles qu'il répétait en boucle, elle finit par se calmer. Mais sa tranquillité eût un prix : le jeune homme avait le visage couvert de griffures. Elle n'aurait su dire comment elle les lui avait faites. Et pourtant, elle était effrayée. Apeurée, même. Jamais de toute sa vie elle n'avait ressenti à ce point ce manque. Le manque de repères. Pour la première fois de sa vie, elle regrettait sa mère et ses chansons débiles. Il lui caressa la tête, mais se prit un coup de bec. Cette réaction le fit rire doucement. Mais cela ne l'empêcha pas de continuer à la caresser, jusqu'à ce qu'elle s'y habitue. Elle entendait son cœur battre la chamade, à cause de tout cet affolement auquel elle avait été sujette. Et les jours s'écoulèrent. Lentement d'abord, puis infiniment vite. La jeune fille ne savait plus où donner de la tête. Il finit par lui apprendre une façon bien étrange d'écrire. Le dimanche venu, elle entendit les cloches résonner. Curieuse, elle s'y rendit. Avec le jeune homme. Elle fût tout d'abord sur son épaule mais, dès que l'église fût à portée de sa vue, elle quitta son perchoir. Il y avait un enterrement. Et si quelqu'un allait à un enterrement avec un corbeau sur lui, c'était mauvais signe. En tout cas, les parents de la demoiselle lui avaient toujours énoncé ces faits comme cela. D'ailleurs... C'était eux qui enterraient quelqu'un. Ils l'enterraient, elle. Elle se trouvait resplendissante dans la tenue qu'ils lui avaient enfilée. Une robe pourpre. Sa favorite. Si elle avait encore pu pleurer, aucun doute qu'elle l'aurait fait. Perchée sur la croix de l'église, elle regardait et écoutait. C'était officiel, elle était morte. Elle avait envie de crier que c'était faux, qu'elle était en vie. Mais personne ne la croirait. Elle risquerait au mieux de se faire chasser si elle ouvrait le bec. Son regard désormais noir alternait entre son enveloppe corporelle inerte et le jeune homme qui lui avait appris à écrire. Enfin, il lui avait plutôt appris à écrire une seconde fois. Une fois son enterrement fini, elle rentra en compagnie du jeune homme. Sur son épaule, comme à l'aller. Pour ses parents, elle n'existait plus. A présent, elle avait une autre famille. Les corbeaux. Le garçon qui l'avait apprivoisée passait plus de temps avec ses corbeaux qu'avec sa famille. Elle se rappelait que lorsqu'elle le voyait en cours, il était toujours effacé. Sans doute étais-ce pour cela qu'il lui avait plu. Et maintenant, elle le retrouvait. Mais elle n'était plus humaine. Améthyste, la jeune fille gothique, était devenue un corbeau. III. Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu'elle était en sa compagnie. Elle avait tenté d'écrire seule, sans qu'il ne lui tienne la feuille ou ne garde son stylo droit, et elle avait réussi. - C’est bien, ma jolie. Je peux voir ce que tu as écrit? Elle laissa retomber le stylo et s'écarta de la feuille. Lorsqu'il arriva à déchiffrer l'écriture désormais maladroite qu'elle avait, son sourire finit par s'éteindre, et il prononça son prénom d'un ton incrédule. Elle croassa. Enfin, il pouvait savoir qui elle était. A son plus grand dam, il déchira la feuille et la prit contre lui. Elle mit un petit temps à comprendre qu'il lui faisait un câlin. Et elle mit encore plus longtemps à comprendre qu'il pleurait. Elle aurait voulu essuyer ces perles d'eau salée, mais savait que si elle s'y essayait, elle risquerait de le blesser. Finalement, dès que tous les corbeaux se furent posés à terre, il la lâcha et s'en alla en courant. Pour ne pas tomber, elle déploya de justesse ses ailes. De désespoir, elle croassa encore. Qu'avait-elle donc fait? IV. Durant deux jours, le jeune homme n'était pas venu rendre visite à ses corbeaux. La jeune fille était restée là, dans un nid. Elle était trop triste pour avaler quoi que ce soit, malgré les tentatives de ses compagnons. Serait-il possible qu'un corbeau puisse tomber amoureux? A priori, oui. Peu importait ce qu'en penseraient les gens sensés, elle était tombée amoureuse de lui. Sans presque rien savoir sur lui. Il ne lui avait rien dit sur sa vie, sur son présent, son passé, ses rêves et ses ambitions. Comment se faisait-il que son petit cœur de volatile ne batte désormais que pour un type qu'elle ne connaissait presque pas? Après tout, elle ne savait même pas comment il s'appelait. V. A son plus grand soulagement, au bout de cinq jours, il revint. Elle avait à peine grignoté quelque chose la veille, et encore, cette maigre nourriture n'avait même pas été consistante. Dès qu'elle le vit arriver, elle cacha la tête sous l'une de ses ailes. Et lui, il l'appelait, encore et encore. Elle ne croassa pas, elle était trop fatiguée pour cela. L'un de ses compagnons à plumes dût indiquer au jeune homme où elle était. Maladroitement, il grimpa sur les poutres pourries de l'habitat, jusqu'à pouvoir la prendre contre lui. Elle ne délogea pas la tête de son aile. Il descendit avec maladresse, mais finit par atterrir à nouveau en bas. Il s'assit en tailleur et la déposa au creux de ses genoux. Dans sa veste, il chercha quelques graines, qu'il lui tendit. Cette fois, sa tête se dégagea de sous son aile. Mais elle ne mangea pas, bien que l'envie soit tentante. Elle posa juste son petit crâne noir sur le bout des doigts du jeune homme. - Il faut que tu manges! Il avait beau l'y encourager, elle ne le faisait pas. Elle sentait la tristesse poindre dans sa voix, mais s'efforçait de ne pas y penser. - Tu m'en veux de ne pas être venu, c'est cela? Elle émit un tout petit croassement, comme pour confirmer ses dires. Il lui caressa la tête, remettant au passage ses plumes en place. - Excuse-moi. Je te promets que ça ne se reproduira plus. Mais mange, je t'en prie. Elle finit par obtempérer, et picora avec lenteur les graines qu'il lui tendait. Sans le faire exprès, elle le blessa à la main, mais il semblait n'en avoir cure. Dès que son ventre fût plein, elle reprit son envol et se reposa sur la poutre; sans pour autant revenir se recroqueviller dans le nid. Il lui sommait de revenir. Mais elle ne comptait pas redescendre. Au contraire, même. Profitant d'un trou dans la toiture, elle s'y glissa et finit sur les tuiles. A sa plus grande surprise, il grimpa jusque-là et alla s'asseoir en tailleur à côté d'elle. C'est alors qu'elle remarqua ses yeux noirs. Lui aussi était en train de se transformer. Constatant ce fait, elle revint se mettre sur son épaule. - Je serais bientôt des vôtres. Tu sais Améthyste, tous ceux qui se transforment sont des personnes que le monde arrive à oublier facilement. Ça fait mal de le dire, et surtout de se le dire, mais c'est ainsi. Le premier de votre escadrille que j'ai recueilli a eu une histoire bien triste. En effet, deux semaines seulement après la mise en terre de son corps, ses parents l'avaient déjà oublié. Elle se demanda, l'espace d'un instant, comment il communiquait avec les corbeaux. Puis, elle se remémora qu'il leur avait appris à écrire. Il passa la nuit là, sur le toit en mauvais état d'une maison laissée à l'abandon. La jeune fille dormit avec lui, tantôt au creux de ses bras, tantôt dans son cou. Si elle avait été humaine, sans doute les aurait-on pris pour deux amants. VI. A la plus grande surprise d'Améthyste, la métamorphose du jeune homme ne suivit pas le même cursus que la sienne. Le lendemain de leur discussion sur le toit, il n'avait pas changé. Pas de pieds griffus, pas de plumes, même pas l'ombre d'un bec. Seulement les mêmes yeux charbonneux. Elle resta là à le regarder longtemps. Il ne parla pas, elle ne croassa pas. Ils étaient juste là, à se considérer comme deux amoureux. Finalement, ce fût lui qui brisa le silence. - Je te promets que jusqu'à la fin, je serais là, c'est promis. Et toi? Elle croassa encore, et il lui sourit. Oui, elle serait là. Il la caressa, avant de finalement déposer une baiser sur le haut de son crâne, la félicitant. Et il s'allongea à nouveau, pour finalement s'endormir. Sa transformation serait longue, elle le sentait. Et puis, rien que le temps qu'il avait fallu pour qu'il ait les yeux noirs le prouvait. Elle sentait qu'il ne serait métamorphosé entièrement qu'après un, ou deux mois. Et cela lui fit avoir un pincement au cœur. Etait-elle donc si facile à oublier? VII. Au bout de deux semaines, le jeune homme commença à voir ses pieds se transformer pour devenir petit à petit des serres. Mais sa métamorphose était très longue. Si bien qu'au bout de deux mois, il lui manquait encore l'ossature des ailes. Cela faisait mal à la demoiselle de constater ceci, mais les faits étaient là. Il était plus difficile à oublier qu'elle. VIII. Au bout d'un an, il finit par être totalement transformé en corbeau. Dès lors, elle lui apprit à voler. Et depuis, il passait de longs après-midi à voler avec Améthyste. Ils discutaient, par le seul moyen de parler qu'ils avaient : en croassant. Écrire, cela ne le motivait pas. Et finalement, leur amour se concrétisa. Quelque temps plus tard, les œufs contenant leurs petits se craquelèrent. De petits corbeaux se joignirent à leur meute, mais leurs parents s'aimaient si fort qu'au final, ils n'avaient plus le temps de s'occuper de leurs enfants. Ce furent leurs camarades au plumage noir qui s'occupèrent des petiots. Eux, ils voulaient s'en aller. Vivre leur amour loin de tout. Leurs enfants étaient sans doute le cadet de leur souci, car ils ne s'en préoccupaient guère. IX. La panique ne tarda pas à se faire ressentir. Il allait se passer quelque chose. La fin du monde? Un désastre climatique? Ils n'auraient su le dire. Mais toute leur meute de corbeaux était aux aguets. Même les plus petits. Améthyste restait étroitement collée à celui qu'elle aimait, et ils ne se quittaient jamais. Un peu comme des siamois. Au bout de quelques jours, une pluie terrible s'abattit sur la région. D'ailleurs, la qualifier de pluie, c'était jouer sur les mots. Il pleuvait des grêlons aussi gros que des balles de tennis, et un vent dingue soufflait. Leur habitat en pâtit. Certains de leur clan y restèrent, surtout les plus petits. Seule une de leurs progénitures resta en vie. Du reste de leur meute volante, il ne resta que deux ou trois spécimens. Dès lors, le jeune homme et sa ''femme'' mirent tout en œuvre pour s'occuper au mieux du dernier de leurs bébés. Ce ne seraient plus les autres qui s'en occuperaient, mais eux. Cependant, il fallait bien qu'elle avoue être nostalgique de sa vie humaine. Ainsi donc, elle rendit de plus en plus visite à ses parents. Mais à chaque fois, elle revenait blessée. Un jour, elle revint même avec une aile en sang. Mais tout cela avait bien peu d'importance. Quelques jours après la tempête, une autre éclata. Plus ravageuse. Leur maison fût totalement détruite, leur clan exterminé. Ne restaient à présent plus que la jeune fille et son amant. Mais l'état dans lequel ils vivaient ne tarda pas à se faire inonder. L'eau monta très haut, et personne ne survécut. L'inondation ne tarda pas à gagner tous les pays, les ensevelissant tous sous l'eau. Les seuls êtres vivants qui survécurent furent Améthyste et celui qu'elle aimait. Mais le temps était leur ennemi, et bientôt ils durent se rendre à l'évidence : ils étaient trop vieux. Un jour de grisaille où ils parcouraient encore une fois leur ville; toute vie les quitta. Leurs corps sombres allèrent se noyer dans les vagues. Leurs âmes, elles, continuèrent de voler. Leurs plumages étaient désormais immaculés, comme s'ils étaient devenus des colombes. Des colombes spectrales. Ils percèrent les nuages, et finirent par arriver quelque part où tout était infiniment blanc. Ils n'étaient plus des corbeaux, ils avaient retrouvé leur forme humaine. Ils se câlinèrent longtemps puis, ne voyant personne, ils errèrent dans ce lieu infini. Il n'y avait absolument personne. Ils étaient seuls. Durant leur recherche, l'eau s'en alla. Nous avions atteint l'an trois mille quatre cent cinquante-deux. Mais les dieux que l'on prie ne sont pas les tout-puissants qu'on imagine. En réalité, ces dieux se trouvent être la jeune fille et son amant. Bien sûr, on leur donne mille et un visages. Mais la seule chose qui leur importe est qu'ils se sont retrouvés. Ils sont heureux, maintenant. Et, dans le fond, toutes les religions ne forment qu'une, alors à quoi bon se chicaner? Eux seuls savent qui ils sont. Et ils savent qu'ils ne perdront jamais leur amour. Bien peu sont ceux qui osent croire en cette histoire rocambolesque. Et vous? Vous rangerez-vous du côté de la science, ou des croyances?
Edit : Ajout d'un petit poème. Le bouc émissaire - Spoiler:
Mon ange, mon coeur J'espère que tu as trouvé le bonheur Je ne veux pas que tu repenses à moi Penses à ton bonheur à toi Peu importent mes états Si chez toi, tout va Je serais heureuse à ce moment-là Car tu n'auras pas besoin de moi Je sais que tu aimais mes poèmes Je ne vois pas pourquoi tu les aimes Mais pour ton anniversaire Je veux t'offrir ceci pour émissaire Petit bouc timide et maladroit Cet animal qui ne sera qu'à toi Preuve que je ne t'ai pas oubliée Même si notre silence j'ai transgressé Je ne vais pas m'étendre sur mes désirs De peur de te faire à nouveau souffrir Sois heureuse, c'est tout ce que je te souhaites Car tu es une femme vraiment honnête Je ne pourrais jamais laisser mon coeur t'oublier Même si juste comme une amie je dois te considérer Je voudrais que tu trouves le bonheur Et je refuse catégoriquement que tu pleures Je ne sais pas si tu liras un jour ces lignes Mais je veux que tu saches que tu es unique.
Edit 2 : \o/ Vie - Spoiler:
Et je suis là. Je ne suis même pas sûre que je suis en vie. Je manges parce qu'il faut manger, je dors parce qu'il faut dormir. Je respire parce que c'est un réflexe, je souris pour éviter qu'on s'inquiète. J'entend vaguement mon coeur qui bat, et pourtant, c'est comme si je ne le sentais pas. Quand je mets un doigt sur ma tempe et que j'entends une veine y battre, même là, je ne suis pas sûre de vivre. Qu'est-ce donc que la vie, au final? Chacun l'a en lui. Certains la consomment plus vite que d'autres, mais chacun l'a en sa possession. Nous pouvons choisir l'usage qu'on en fait. Donc, en somme, nous ne sommes que des pantins. Si on ne vivait pas, on ne ferait rien. La Vie est un marionnettiste, à croire. Un soupir. Des mots pêle-même. Des pensées en vrac, des envies ternies. Tout ça mène à l'ennui. J'ai l'impression que mon crâne va exploser. Mon coeur, lui, cela fait bien longtemps qu'il a éclaté. En même temps que la tête de cet imbécile suicidaire a heurté le rocher contre lequel il voulait se jeter. Je présume. Je ne sais pas. Je suis indécise, je me perds. Et je doute. Parce que c'est dans la nature humaine. Je n'arrive plus à trier mes pensées, mes ressentis. Mes faiblesses. Mes envies. Toutes ces choses qui font que je vis. Aussi incroyable que cela puisse paraître. Comme une épée bien affûtée, qu'on plonge dans ce qui nous sert à vivre. Une épée enflammée. Une épée aux flammes de glace. Et c'est douloureux. Mais au moins, on sait qu'on vit. Qu'on est pas morts, pas encore. Chacun est unique, personne ne pourra les remplacer. Cela fait des années qu'on vous le dit. Et pourtant, il y en a encore qui veulent se suicider. Certains en parlent à la légère sans penser au mal que cela fait. Tous des abrutis. Tous des humains. Au final, nous ne vivons qu'une fois. Et dans notre trop courte vie, on dit des choses insensées. On avance des théories, des théorèmes, des thèses et encore toutes ces choses superflues. Nous sommes responsables du mal que l'on fait. De notre mal. Alors inutile de rejeter la faute aux autres. Pas la peine de chercher un coupable, il est tout trouvé : C'est vous le responsable.
Edit 3 : Petit... Poème? Je ne sais pas vraiment si on peut appeler ça comme ça, en fait. J'ai froid - Spoiler:
Et je me souviens de toi. Tes cheveux flamboient autour de moi, Cascade indécise de pétales colorées Mais ton visage me restera fermé.
Et j'essaie de me souvenir de tes yeux Sans parvenir à concrétiser ce vœu Ta bouche, ton nez, tout est si flou... Un peu plus et je ne tiendrais plus debout.
Ton faciès n'est qu'une immensité noire pour moi Il ne me reste même pas un petit bout de toi J'aimerais tant me souvenir, pouvoir te revoir Mais je ne vois rien d'autre que cette nuit noire.
Tu es peut-être là, Je ne sais pas. Vis ta vie sans moi, Cela vaut mieux pour toi.
Sois heureuse Et ne penses jamais plus à ces choses. Ces choses qui t'ont faite souffrir Et qui me hantent depuis que tu as décidé de partir.
J'aimerais pouvoir te serrer dans mes bras Mais tu me sembles si loin de moi Tu sais, sans toi, je meurs de froid Encore une fois.
Et j'essaie de me souvenir de toi. Les souvenirs s'effritent en même temps que moi Je voudrais tant te sentir encore contre moi, A cette époque d'intense émoi.
On s'était promis le mariage Même malgré notre écart d'âge Pari fou de deux cœurs aimants Qui pourtant ne pourront jamais être amants.
Je t'en supplie, fais-moi un signe Ne me laisse pas sans une seule ligne Montre-moi que tu es en vie, Toi ma douce égérie.
Tu peux bien m'oublier, je m'en fiche Mais ne te laisse pas emporter par ces liches Ces maudits partisans de la mort Qui pourrait venir te chercher sans efforts.
Fais attention à toi, je t'en conjure Ne laisse pas flancher ta droiture Ce monde n'est pour toi, je le sais bien Qu'un lourd poids incertain.
J'aimerais que ma vision se voile de larmes Que je voies que cela peut être une arme! Et pourtant j'ai beau essayer, je n'y arrive pas Alors j'imagine ton visage une seconde fois.
Dernière édition par Rose Noctalis le Mer 13 Oct 2010 - 17:04, édité 2 fois |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Sam 23 Oct 2010 - 14:49 | |
| (Désolée du double-post)Un petit texte, sans doute déprimant, sans sujet précis. Mots fallacieux - Spoiler:
Elle était là. Pas corporellement, mais son esprit, si. Elle m'aimait. Mais était-elle sincère, ou jouait-elle seulement? Suis-je donc si facile à manipuler, à modeler, à soumettre et à détruire? Il faut croire. J'ai toujours aimé trop vite. Parfois tellement que je prenais un autre sentiment pour de l'amour. Parce qu'il venait trop vite, trop brutalement, me remplissait brutalement; à l'instar d'une petite fée qui n'est née que pour ressentir un sentiment. Mais je ne suis pas une fée. Je suis juste la pire invention, le pire paradoxe, le plus grand mystère : Un humain. Peu importe que je sois mâle ou femelle, vous savez aussi bien que moi que cela n'a aucune importance. Brebis égarée, je me suis perdue dans mes mots à ressasser des souvenirs. A trop aimer, on s'y brûle les ailes. On s'y arrache le cœur aussi, parfois. Il faut tourner la page. Mais de temps en temps tourner la page ne suffit pas, il faut la déchirer. Mais encore faut-il avoir le courage de le faire. Souffrir, c'est vivre. Il n'y a qu'en souffrant que je me sens réellement vivante, dans le fond. Et à choisir le type de souffrance, je dirais la souffrance mentale. Parce qu'elle fait cent fois plus mal, et a cent fois plus d'impact. Sado-masochiste? Je ne sais pas. Quel étrange réflexe qu'à l'Humain de mettre un nom sur tout ce qu'il ne comprend pas, tout ce qui l'effraie. Qui sommes-nous, dans le fond? Au nom de quoi prétendons-nous être plus forts que d'autres? De quel droit détruisons-nous ce que Dame Nature a, de son savoir, de sa sagesse et de ses doigts de fée, créé de toutes pièces? Les humains sont des destructeurs, c'est tout. Mais si seulement je n'étais pas née. Que fais-je donc ici? Je suis née par erreur, je le sais. Et se le faire dire est encore plus douloureux. Si je n'étais pas née, elles n'auraient pas souffert. Ils n'ont plus. Quoique, rien ne dit qu'ils ont souffert. A les entendre, ils et elles sont invulnérables. Mais je les revois. Eux deux. Elle surtout. On ne ressort pas indemne d'un amour si fusionnel. Jamais.
Edit : Un autre petit texte. Rêve - Spoiler:
Te souviens-tu de cet endroit? Il était le nôtre. Été comme hiver il restait inchangé, doux Éden aux couleurs printanières. L'herbe était verte, les arbres fleuris. Tout semblait éternel, même les papillons qui voletaient et les fleurs à nos côtés. Cependant rien n'est éternel. Rêvions-nous? Je ne sais pas. En tout cas tout était là, et à chaque fois je me faisais une joie de revenir. Piège idyllique? Peut-être. A mesure que nos relations changeaient, ce petit coin de paradis changeait aussi. A chaque dispute l'arbre perdait ses feuilles et mourrait, les fleurs fanaient, l'herbe disparaissait et le tout se recouvrait de neige. A chaque moment de tendresse, retour au paradis vert. Si c'est ça un rêve, je veux que nous soyons heureux pour toujours. Enfin, toi : C'est ton paradis, puisque c'est toi qui me l'as montré. Mais tu sais, je n'ai jamais été forte niveau amour. Alors c'est curieux, que tu te sois entiché de moi. Pourquoi le fais-tu? Je suis prête à subir mille souffrances, tant que tu es heureux. Et je pense que ce n'est certainement pas avec moi que tu le seras. Le sais-tu seulement?
Edit : Again. Petit texte qui m'a traversé l'esprit en allant prendre le bus (le début du moins). Plaies et blessures - Spoiler:
Elle est là. Agenouillée par terre, la tête dans les épaules, une main sur le bras. Des larmes sur les joues, mêlées aux gouttes de sang. Les blessures encore béantes, dégoulinantes de sang, certaines sans doute infectées. Mais elle s'en fiche. Ce qu'elle a fait mérite la mort. Et pourtant elle reste là, dans cet endroit immaculé et cent fois trop blanc pour elle, dans sa robe blanche souillée et ses bandages salis par l'hémoglobine, sa courte chevelure noire tombant vers l'avant alors qu'elle pencha la tête vers le sol. Les autres ont une couleur de peau, pas elle : Elle est aussi blanche que la neutralité la plus pure. D'ailleurs, elle doute même d'avoir un visage. Elle pense n'avoir à la place du faciès qu'un vague croquis bâclé et gommé. Les ailes noires sortant de son dos sont elles aussi couvertes de sang, et des plumes de jais choient au sol avec les flaques de sang. On peut voir certains des os des dites ailes, d'ailleurs. Elle est seule. Toute seule. Trop seule. Depuis bien trop longtemps. Là, à se vider de son sang avec une lenteur infinie. Restant dans la même position. Elle n'a pas faim, pas soif, pas de besoins primaires. Elle reste là comme une gentille petite poupée bien docile, qui attendrait d'être sortie de sa boîte le jour de Noël ou de l'anniversaire d'une petite fille. Sa cage thoracique n'est même pas soulevée par le mouvement régulier des respirations : Elle ne respire tout simplement pas. Son coeur ne bat pas, non plus. Elle est un pantin sans vraiment l'être. La seule chose qui perturbe toute cette atmosphère de solitude est une goutte de sang ou une autre, qui se fraye un passage sur sa peau jusqu'à toucher le sol ou coule d'une de ses plumes ensanglantées. Elle ne vit pas. Mais elle n'est pas morte, non plus. Et la vie continue : Elle peut souvent voir sa prison blanche s'obscurcir et devenir grise, puis s'éclaircir pour retrouver son voile insalissable. Elle aimerait bien avoir un peu de compagnie. Elle aimerait bien être autre chose qu'une passade pour les gens, même si elle ne saurait vivre sans en être une. Elle se contente donc de rester là, exposée, sans bouger. Derrière une vitre blindée. Comme s'ils croyaient qu'elle était dangereuse. Elle est trop fade pour oser bouger. Quel nom lui ont-ils donné, déjà? Elle ne sait plus. Elle rêverait de pouvoir bouger, mais n'y arrive pas. Et pourtant. Une nuit noire, alors que sa prison est d'un gris foncé, elle se met à bouger. Lentement, elle cligne des yeux. Ce n'est pas si dur que ça. Elle bouge lentement les doigts, découvrant une douleur qui lui était inconnue alors qu'elle appuyait par mégarde sur l'une de ses blessures. Elle a l'impression d'être une araignée. Elle bouge, pour la première fois de sa trop longue vie. Combien de temps cela fait-il qu'elle est ici? Trop longtemps sans doute. La poussière qui s'est déposée sur elle au fil des jours glisse d'elle et rejoint le sol sans un bruit. Elle bouge doucement les doigts : Ils craquent. Elle commence à sentir un faible battement dans son coeur inactif. Elle tourna lentement la tête vers la baie vitrée, ennemie qui la fixe depuis tant d'années. De siècles même, peut-être : Elle a perdu toute notion du temps. Elle bouge légèrement, joue avec son poids. Grâce à la vitrine elle voit qu'elle a un visage, avec deux jolis yeux gris. Elle sourit. Petit à petit, sa poitrine se soulève. Elle respire. Alors tout ça n'était-il qu'une question de volonté? En tout cas, son estomac émet un bruit assez disgracieux, et elle pose la main dessus : Elle a faim. Très faim. Elle se lève, doucement. Certains de ses os craquent. Elle agite doucement les ailes, et aussitôt une autre vive douleur la force à se retenir de tomber, grâce à l'appui d'un mur. Elle vit enfin. Depuis le temps qu'elle attend ça.
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| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mar 14 Déc 2010 - 18:40 | |
| Désolée du DP. Euh, même, triple-post o_o.Nouveau texte. Besoin d'extérioriser. Destruction sentimentale - Spoiler:
Et je reste là, plantée comme une imbécile, les paroles de chansons défilant à mes oreilles. Je pense à elle, à lui, à eux, tout en même temps. Tout s'embrouille dans ma tête, et j'ai l'impression qu'elle pèse une tonne. J'aimerais pleurer. Vraiment. Mais je n'y arrive pas. Et puis... Depuis elle, je me suis juré de ne plus jamais pleurer par amour. De toute manière, j'aime pas pleurer. Pleurer, c'est pour les faibles. Est-ce que cela signifie que j'ai un coeur de pierre? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Que suis-je censée faire? Même réponse. J'aimerais la retrouver, elle, ma Vénus, ma muse, celle que j'ai tant aimée... Celle qui a malgré tout conservé une partie de mon coeur. Je n'arrive plus à m'imaginer vivre sans elle. Un peu comme si elle était ma drogue. Même si elle m'a oubliée. Je pensais que le temps amoindrirait mes sentiments. Ca a été le cas, fut un temps. Et pourtant... Il a suffit d'un mot, un seul. Et tout est reparti. Les souvenirs sont remontés. Si mes yeux n'avaient pas été si secs, je crois que j'aurais pleuré à en crever, si j'avais pu. Dire qu'on vivait une parfaite idylle... Et j'ai tout gâché. Et voilà qu'à nouveau, je recommence. Quand je suis en couple, je suis vraiment une teigne. J'espère que lui au moins ne fera pas la même connerie que le premier. Le premier à la rigueur, j'étais jeune. J'irais pas jusqu'à dire que ça m'a pas marquée, parce qu'un suicide ça marque. Mais maintenant... Des années après, je peux en reparler. Un, j'ai tenu. Deux, je tiendrais pas, je pense. Et à côté de ça, plus je regarde autour de moi, plus ce monde me dégoûte. J'ai des amis, oui. Des amis sur qui je peux compter. Mais période de merde oblige, tous vont mal. Entre celle qui devrait manger le midi... Celle dont le coeur est tout chamboulé... Et les autres... Je me dis que si j'ajoute mes problèmes aux leurs, on va pas tenir. Alors je fais la forte, j'encaisse, je joue la comédie du bonheur. Je me force à rire, à sourire, à faire comme si de rien n'était. Quelque part, c'est peut-être pas plus mal. Est-ce que ce jeune homme qui prétend m'aimer sait tout cela? Non. Je ne lui au pas dit. Auprès de lui aussi, j'ai joué la comédie du bonheur. Pour entretenir les faux semblants, pour ne pas les inquiéter. Et malgré tout... Que suis-je devenue? Une loque, qui en plus s'est rendue malade. Pathétique, pas vrai? En effet. Mais de toute façon, je ne suis bonne qu'à ça : Faire l'heureuse, limite la naïve, presque la stupide pour que personne ne s'inquiète. Voilà où j'en suis rendue. Est-ce que ça me rend heureuse? Je ne sais pas. Mais tant que les autres, ceux que j'aime et auxquels je tiens tant sont heureux, alors ça me va. Dommage qu'un seul ne puisse pas se rentrer ça dans le crâne, et veut que je sois heureuse aussi. Le bonheur n'est qu'éphémère. Il nous file toujours entre les doigts, à l'instar du sable. Au fond, je ne suis qu'une lâche. Je me noie dans le travail comme certains se noieraient dans l'alcool, pour oublier. Je me drogue aux souvenirs comme une camée en manque. Je fuis l'amour car il m'a déjà trop faite souffrir. Je fuis le bonheur, parce que je ne veux pas oser le vivre avec quelqu'un d'autre que celle qui me l'a fait découvrir la première fois. Je ne suis qu'une loque engluée dans ses souvenirs. J'aimerais pourtant que tout le monde puisse être heureux, même si je ne le suis pas. C'est un rêve de petite fille, hein? Mais je voudrais pouvoir porter les fardeaux des autres sur mes épaules, pour qu'eux au moins, ils soient heureux. On dit que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Mais... Quand on est déjà mort intérieurement et sentimentalement, on fait quoi? Autant servir à prendre la peine de ceux qu'on aime sur nous, afin qu'ils ne souffrent pas. Pfff, je suis vraiment trop stupide : Je sais que quoi que je fasse, il y aura toujours ces dépressifs suicidaires égoïste et cette tristesse immuable... Alors, j'espère quoi? Sérieusement. Je dois faire peine à voir. Sauf que je ne veux pas de la pitié des gens. Les gens peuvent aller se faire voir. Et je le blesse, encore, et encore. Je sais que ce que je dis lui fait mal. Et je continue, pourtant. J'espère qu'il va finir par abandonner et se faire une raison : Il ne sera pas heureux avec moi. Je ne veux pas qu'il s'obstine... Je veux juste son bonheur. Pourtant j'ai beau être exécrable, détestable, le pousser vers d'autres filles... Il s'accroche. Désespérément. Ca me tue.
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| Sujet: Re: Le bazar de Rose Sam 18 Déc 2010 - 15:49 | |
| Tiens, aurais-tu un coté romantique ? Torturée, à se complaire dans ses souvenirs du passé ?
Tu ne pourras pas continuer éternellement à vivre dans le passé, il va falloir oser lui donner une véritable chance à ce jeune homme. Il s'accroche certainement parce qu'il a envie de t'arracher à tout ça et te rendre heureuse.
Enfin, tu n'es peut-être pas encore prête. J'te souhaite de trouver le courage de l'être. |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Lun 20 Déc 2010 - 12:15 | |
| Merci Rika.
Pour le côté romantique... Je n'y ai jamais vraiment fait attention, tu viens de me l'apprendre ^^". |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Jeu 24 Mar 2011 - 19:40 | |
| (Le dernier post datant de Décembre, peut-on considérer ça comme un DP :shock:?)Parce que ça fait un bail que j'ai plus posté, et que Fab' m'a redonné envie de faire vivre ce topic! Un petit texte (appelez ça texte, ou nouvelle, comme vous préférez °°) qui ne finira sans doute jamais puisqu'il est, je suppose, infini... Faudrait que je le continue d'ailleurs. Mais passons. Dialogue avec ma conscience - Spoiler:
- Accorde-moi deux minutes. - Pourquoi? - Je veux parler avec toi. - Mais qui es-tu? - Ta conscience. - Que me veux-tu? - Je te l'ai dit : Parler. - Bon... Vas-y. - Très bien. Si l'Amour frappait à ta porte, le laisserais-tu entrer? - Il y a amour et Amour. Duquel parles-tu? - L'Amour, le Vrai... Avec un grand A. - Eh bien... Je ne sais pas. - Mais il pourrait t'apporter le Bonheur. - Il y a Bonheur et bonheur. Le bonheur est éphémère. - Pas le Bonheur avec un grand B. - Celui-là est toujours gâché. - C'est ce que tu penses? - Oui. - Pourquoi? - Parce que c'est vrai. Le Bonheur n'existe pas. Le bonheur nous y fait brièvement goûter, mais il nous échappe toujours. Il nous file entre les doigts. - En es-tu sûre? - Oui. Chaque fois, même le simple bonheur nous est arraché. - Quel pessimisme! - Je ne suis pas pessimiste. Juste réaliste. - Admettons. Mais revenons-en à l'Amour. - Ne m'en parle pas! Il est du gabari du Bonheur. - C'est-à-dire? - Inexistant. Éphémère. Intouchable. Irréel. Je continue? - Non, c'est bon, ça ira. - Bon. - Mais pourquoi? - Sois réaliste, enfin : Je suis encore amoureuse de la femme de ma vie! - Elle t'a oubliée. - Je sais. - Alors pourquoi t'obstines-tu à te raccrocher à elle? - Parce que j'ai peur, figure-toi. - Peur de quoi? - Du Bonheur. Et de l'Amour. - Pourquoi? - Mais diable, conscience, regarde les choses en face : Elle est la seule à m'avoir fait toucher ces deux choses du bout des doigts! Et ça m'a été arraché sans ménagement. - Mais... - Non, tais-toi, laisse-moi finir! - D'accord. - Je l'ai trop aimée; je m'y suis brûlé les ailes. Tu crois vraiment que ça me motive à aimer encore? - Non... Non, certes. - Bon, alors! Laisse-moi, et garde tes conseils pour toi. - Je ne vois pas pourquoi tu t'entêtes comme ça. - Mêle-toi de tes affaires. - Je ne suis là que pour te conseiller. - Pour m'enquiquiner aussi. - Un peu, j'admets. - Bon, que veux-tu encore? - Te parler. Je n'ai pas fini. Confie-toi. - Pourquoi? - Parce que à l'instar des gens qui t'aiment, moi aussi, je t'aime. Même si tu ne me vois pas. En tout cas, je veux que tu ailles bien. - Quelle importance? - Ca en a pour moi. - Mouais… Admettons.
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| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mer 27 Avr 2011 - 11:11 | |
| Flemme d'éditer, donc encore un DP... Je vais finir par me faire fouetter ._. Lettre à une muse - Spoiler:
Je me rappelle d'elle et moi. Mais qu'en penses-tu, toi? Te souviens-tu seulement de nous? Tu sais, ce mot à quatre lettres, ce "nous" On l'avait ensemble créé Mais il s'est un jour effrité Et peu à peu, il s'est effacé Sans que je parvienne à t'oublier.
Entre temps, j'en ai rencontré d'autres Toutes plus belles les unes que les autres Mais également des jeunes hommes amoureux Que je ne pourrais, je le sais, jamais rendre heureux Ton bonheur me suffisait, tu le sais si bien Je ne me souciais même pas du mien J'étais heureuse, simplement Mais bien différemment.
J'ai essayé de t'oublier, crois-moi J'ai essayé, même si tu fais partie de moi J'ai tenté de me glisser dans les bras d'un autre Et de croiser les doigts pour qu'il ne soit pas comme les autres. Mais je n'ai apporté que malheur et désespoir Je lui ai ôté tout sourire, tout espoir, maintenant tout est noir Il est toujours là bien sûr, mais dans quel état? Suis-je donc condamnée à seulement le rendre las?
Et toi, pendant ce temps-là Qu'as-tu fait de toi? Tu te portes bien, je l'espère? Tu te tiens bien loin des galères? Toi qui m'a apporté tant d'inspiration Et tant de farouche motivation Remplis-tu de joie la vie d'une autre? Es-tu devenue l'égérie d'un autre?
Je ne t'oublie pas, même si j'essaie Tu es marquée en moi à jamais De par notre ancien amour tu as marqué mon coeur au fer rouge Mais ce qui coule à présent de mon coeur est d'un tout autre rouge Mon coeur saigne, oui, il ne peut t'oublier A tel point que j'ai envie de me l'arracher! Vivre dans le souvenir d'un tel bonheur Est quelque chose à se crever le coeur.
Et pourtant, malgré moi J'aimerais tant que tu sois là J'aimerais tant remonter à loisir dans le temps Et faire en sorte que cet homme ne m'aime jamais tant Je ne fais que le faire souffrir, vois-tu? J'ai bien peur qu'à force je ne le tue. Il se détruit à petit feu, alors comment faire pour qu'il m'oublie? Pour que son amour pour moi soit donné à une autre fille?
Il m'aime trop, je le sais depuis bien longtemps Mais j'ai néanmoins laissé passer le temps J'ai laissé se développer son amour sans pouvoir rien y faire Et il était déjà bien trop tard pour lui quand je l'ai découvert. Je ne veux pas le voir se détruire petit à petit Et finir à mon pied comme un esclave soumis! J'ai rendu un homme des plus joyeux A jamais infiniment malheureux.
Je ne vois qu'un seul moyen pour cette faute expier C'est la mort, mais aurais-je assez de courage pour me tuer? J'ai bien peur que ce jeune homme me suive lui aussi Sans pour autant que son amour pour moi soit fini. Que dois-je faire? Je ne le sais même plus Je ne veux guère me battre non plus Qu'il fasse donc tout ce qui lui plait Car je ne parviendrais jamais à l'aimer.
Même si je veux son bonheur, je me refuserai à lui Jusqu'à ce que cette flamme qu'il a pour moi s'amenuise Qu'il finisse par rendre les armes et cesser de m'aimer Car après tout, il serait bien plus heureux s'il m'oubliait. Vois-tu, ma douce égérie à la si précieuse présence C'est à toi que je veux accorder ma dernière danse Avant de finalement m'en aller le faire m'oublier Car définitivement, j'abandonne toute envie de lutter.
Edit : Et je précise que mon mental va très bien, pas la peine de vous inquiéter, merci n_n Edit 2 : Petit texte pour évacuer. Dégoût - Spoiler:
Sens-tu ce doux relent, âpre à souhait, qui remonte le long de ta gorge et s'y insinue comme un serpent vicieux? Au début, tu as pensé que c'était de la tristesse. Oui, car il te serre la gorge et te fait monter les larmes aux yeux. Puis tu as cru que c'était de la rage. Parce que tes yeux lancent des éclairs et fusillent les gens quand tu le ressens, parce que tu en sers les poings, que pour te canaliser, tu n'hésites pas à te planter les ongles dans la chair. Jusqu'au sang s'il le faut. Tu as mis du temps à l'identifier. Cette haine viscérale pourtant teintée d'amour, surtout lorsqu'elle est dirigée vers une personne que tu aimes. Comme... Quelqu'un de ta famille, par exemple. Tu n'osais pas mettre un nom sur ce sentiment presque destructeur. Jusqu'à aujourd'hui. Aujourd'hui, tu as réussi à l'analyser. Aujourd'hui, tu t'es rendu(e) compte de ce que c'était. Le dégoût. Violent dégoût, détestable dégoût, dangereux dégoût, dégoûtant dégoût. Intarissable dégoût. Il te laisse comme un arrière-goût de rien dans la bouche. Ce rien qui pourtant est tout un tas d'autres choses. Le dégoût est la saveur des choses que tu n'oses pas dire, que tu as sur le coeur, que tu as envie de hurler, de cracher, de vomir à la figure de la personne à laquelle elles sont destinées. Mais que tu ne peux pas. Pour une raison ou une autre. La crainte, le manque de courage, l'appréhension. Tout cela accumulé. Et ce tout, toute cette accumulation de choses désagréables, elle s'est changée en dégoût. Un virulent dégoût. Un poison qui te tarit les veines, t'assèches le coeur, te change. Te détruit. Sans que tu t'en rendes compte. Et le jour où tu t'en rends compte? C'est déjà bien trop tard. C'est devenu ta drogue contre ton gré. Tu détestes le ressentir, mais il est là. A chaque fois. Plus puissant qu'avant. A quand l'overdose? Va savoir. Mais méfies-toi. Oui... Méfies-toi de ce serpent gluant qui te grimpe le long de la gorge... Car tôt ou tard, il t'aura.
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| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Lun 11 Juil 2011 - 12:08 | |
| Encore un DP, sorry. Pour le texte, ceux qui aiment le glauque vont être servis. L'énergie du désespoir - Spoiler:
Les pensées tourbillonnent dans ma tête comme le sang que je sens battre à mes tempes. Une doucereuse torture. J'ai seulement envie de me reposer... De m'endormir, et de ne jamais me réveiller. Plus jamais. Une goutte de sang dévale la peau de mon bras, laissant une traînée rouge sombre derrière elle. Elle est bientôt suivie d'une autre. Mais pourquoi vont-elles si lentement? Parfois, on aimerait accélérer le temps. Et pourquoi j'en suis arrivée là, moi? Les pensées se bousculent dans ma tête. Elles s'entremêlent, et je n'arrive pas à les détacher. Elles sont aussi dangereuses que des ronces. Ce sont ces ronces qui m'ont piquée. Elles ont transpercé ma peau. Comme quoi, parfois, la douleur n'est pas seulement mentale. Ce qui m'a conduit là? Je ne sais pas vraiment, en vérité. Un sentiment. Aussi puissant et heureux que douloureux et sans pitié. L'amour. Quelque chose de merveilleux. Qui conduit supposément au bonheur. Mais le bonheur... Il n'existe pas. Ce n'est que quelque chose qu'on vous glisse délicatement entre les doigts, doux comme du velours, fragile comme le crâne d'un nouveau-né. Mais à peine sentez-vous ce délicat velours vous caresser qu'il vous est arraché des mains. Ou que vos mains sont arrachées, histoire qu'il les emmène avec et que vous ne puissiez plus goûter à cette exquise douceur. Alors vous restez là, les bras scalpés, le sang dégoulinant de vos membres, sans pouvoir rien faire. A part regarder. Regarder cette chose délicate au loin, qui s'est tirée avec vos mains. L'amour n'est pas beau, non. Il pourrait. Mais il ne l'est pas. Regardez-vous après une histoire d'amour. Vous êtes tout couverts de cicatrices, autant mentales que physiques. Comment on en arrive là? Bonne question. Mais quand la douleur mentale finit par ne plus pouvoir être contenue, elle se transforme en douleur physique. Mal-être. Oui, vous avez deviné. C'est un mal-être intense qui vous envahit sans répit. Il vous ronge de l'intérieur. Vous vous détestez. Comment je peux savoir tout ça, moi? Oh, ne me posez pas la question. Je ne suis qu'une conteuse.
Et (quelques) bannières pour un forum : - Spoiler:
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| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Mar 15 Nov 2011 - 16:54 | |
| Encore un DP, mais je ressors une vieillerie avec un texte tout frais... Pondu à l'instant! Il n'a pas encore de titre et n'est pas fini. J'ai essayé de faire un truc un peu différent, ne vous étonnez pas. - Spoiler:
Une épaule noire. C’est tout ce dont je me souviens. Pas brune, pas bleue marine; noire. Et une épaule café au lait aussi. L’épaule nue de ma femme endormie près de moi ce matin-là. Mais avant l’accident, la dernière chose que je vis, ce fut cette épaule drapée d’une veste noire. Puis après, l’horreur. Le sang, le feu, le rouge, l’orange, les débris de verre. Et le noir suintant d’orgueil du goudron. Après tout, le goudron, il s’en fiche des accidents. Il est là, il fait son boulot. Il y a un accident ? Ce n’est pas son problème. C’est votre faute, pas la sienne. Ca vous apprendra. « Douceur d’être et de n’être pas », disait Valéry. Et la douceur de n’être plus, alors ? Je ne sais pas s’il existe un Paradis ou un Enfer. Je ne sais même pas s’il y a un Purgatoire. Tout ce que je sais, c’est qu’il faut attendre. Attendre, encore et encore. Alors déjà en temps normal attendre, c’est ennuyeux, mais si en plus il faut en faire de même pour l’Eternité… Où se trouve la douceur dans ce cas, me direz-vous ? Eh bien… Moi-même je ne le sais pas. Peut-être cette douceur vient-elle simplement du fait que nous sommes libérés de toute contrainte – sauf l’attente –, de tout souci – là aussi, sauf l’attente –. Le plus étrange, c’est qu’on ne pense à rien. Logique, vous allez me dire, vu que nous sommes morts. Mais… On éprouve une sorte de joie, de bonheur enfantin et juvénile à l’idée de ne penser à rien. On se sent libre ! Et c’est un vrai délice. Mon histoire ? Elle est bien longue, pour quelqu’un de mon âge – enfin, l’âge que j’avais au moment de ma mort –. Si longue, et si courte à la fois. Comment je me suis retrouvé ici ? J’ai bien parlé d’un accident, non ? Ah, vous voulez les détails ? Eh bien… C’est à voir. Un bus accidenté, 10 blessés Aujourd’hui 20 Mars, un bus a été retrouvé accidenté. Après intervention des pompiers, il fut état de 5 morts et 10 blessés dont 3 graves. Le chauffeur se serait assoupi au volant, et ne put donc en tout état de cause pas éviter le virage meurtrier : Le bus a dévalé la colline, et c’est une chance qu’il y ait si peu de morts à déplorer parmi une vingtaine de passagers. Une enquête policière est en cours pour déterminer l’état exact du conducteur de bus au moment du drame. Voilà, ça, c’est ce qui s’est passé. Con, n’est-ce pas ? Je pourrais vous décrire l’accident dans ses milles facettes, de la plus douce à la plus gore. Mais quelque chose me perturbe, me hante même là où je suis à présent : Cette épaule noire. Qui était-elle ? Le plus étrange c’est que parmi les personnes mortes avec moi, aucune ne portait de veste noire. Aucun des blessés non plus, et le chauffeur non plus puisqu’il était tenu de porter une veste mauve des plus laides. Alors, qui était-elle ? Suis-je devenu fou ? Ca m’étonnerait, quand même. Mais j’aimerais bien savoir.
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| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose Jeu 29 Mar 2012 - 17:20 | |
| Pouet. Parce que lire Gide donne envie d'écrire. Pseudo-lyrisme : - Spoiler:
Et déjà, tu me redis des mots qui ne sont pas les tiens. Tu changes ; tout change. Et déjà je songe à des choses que je n’aurais jamais cru, pu penser auparavant. J’ai l’impression de n’être qu’un entraînement, que tu entraînes sur moi ta prose pour l’offrir à une autre. Tout me semble si fragile. Un cœur, une morale, un état d’esprit… Après tout ce ne sont que des mots. Déjà tu me sembles être si loin. Ou bien suis-je moi qui suis trop bas. Comme une poupée tombant dans un gouffre et qui ne se raccrochait qu’à ta main, mais que tu as décidé de lâcher. Et qui chute, qui chute… Dans un trou sans fin. La vie n’est-elle donc qu’un éternel recommencement de souffrances ? Il me semble que les humains ne sont bons qu’à cela. Souffrir, et se faire souffrir, pour se sentir vivre. C’est un peu paradoxal, étant donné qu’à trop souffrir, on veut mourir. L’être humain est un paradoxe. Sa réflexion initiale semble être aux antipodes de sa réflexion finale. Et moi ? Que suis-je dans tout cela ? Il me semble être une poupée dans un coffre à jouets. A quoi puis-je bien de servir ? Tu me jures ta fidélité. Mais il me semble que je ne suis que quelque chose sur quoi s’exercer. Un miroir devant lequel t’entraîner à parler, à séduire. Ne suis-je donc rien d’autre que cela ? J’aimerais tant te voir, te toucher, que tu me serres dans tes bras, de toutes tes forces, à m’étouffer, et que tu me jures au creux de l’oreille que je me trompe, que tout est faux. Mais là encore ce ne seraient que des mots. L’être humain est bien faible. Mais j’aimerais, oui j’aimerais tellement voir briller dans ton regard une lueur d’affection. De l’amour ! Je voudrais me sentir différente. Tu sembles ne pas te soucier de m’avoir tout enlevé. J’ai le cerveau vide, le regard morne, le cœur terne et gris, craquelé et fissuré de partout. Il me semble que ça t’amuse. Si je ne suis bonne qu’à ça, je n’ai qu’à t’être un jouet. Et le regret des années passées est depuis bien longtemps écoulé ! Tu ne sembles plus désirer te battre pour m’avoir auprès de toi. Tu donnes l’impression de ne rien en avoir à faire. Tu fais même comme si je n’existais pas. Crois-moi, que j’aimerais ne pas exister. Ou alors, être véritablement un jouet, qui ne saigne pas, ne pense pas, ne respire pas. Oh ! Cela simplifierait tellement les choses. J’aimerais me blottir contre toi pourtant, et me dire que tout va bien. Même si je souhaiterais être atteinte de quelque chose de grave, juste pour te voir, pour sentir ton odeur, sentir ton regard sur moi… Et voir enfin cette flamme amoureuse dans ton regard.
Le texte de mon autre post a finalement donné une nouvelle qui est encore en cours de rédaction. |
| | | | Sujet: Re: Le bazar de Rose | |
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