Attente...

Une silhouette fit son apparition au coin de la rue. La pluie et le brouillard rendaient la visibilité presque nulle. Finalement, un jeune garçon se présenta devant la vitrine de la fourrière, l'air contrarié par ce temps aussi misérable.

La fourrière était réputée pour être tout sauf un havre de paix pour les Nekos. Malgré tout, Leon ignorait quel genre de traitement l'on réservait aux pensionnaires mais il se doutait bien qu'il ne s'agissait pas là d'un hôtel cinq étoiles.
La décision ne fut vraiment pas facile à prendre. Un Neko chez soi impliquait encore plus de responsabilités, sans parler du coût d'un tel achat.

* Coût... Achat... En voilà des termes atroces lorsque l'on parle de ces créatures ! * pensa Leon.

Comment allait-il réagir avec son nouveau compagnon ? Comment allait-il le ou la traiter ? De la manière la plus humaine possible à en juger par la nature du jeune garçon.

Leon hésita avant de pénétrer dans la fourrière. Allait-il être attristé par le spectacle qui s'offrirait à lui ? Sans doute...
Il prit une profonde inspiration et poussa la porte d'entrée. A peine eut-il posé un pied à l'intérieur que le gérant se rua vers lui avec un grand sourire.

" Bonjour jeune homme ! Que puis-je faire pour vous ? "

Leon fut quelque peu attristé par ce qui se présentait devant lui. Comme il s'en était douté, les conditions de vie de ces créatures étaient déplorables. Des cages sales et rouillées. Des gamelles vides. Tout ressemblait à s'y méprendre à une animalerie ; malheureusement, ici, il ne s'agissait pas d'animaux...

" Je... Euh... Je cherche un Neko... " balbutia-t-il.

" Très bien ! Quel genre de Neko, si je peux me permettre ? "

" Je... Je n'ai pas vraiment d'idée... Je vais d'abord jeter un coup d'oeil... "

" Je vous en prie ! "

Le gérant retourna derrière son comptoir mais de lâchait pas Leon du regard. Cet homme n'inspirait qu'une seule chose au jeune garçon : du dégoût. De grands sourires aux clients et des coups de bâton pour sa "marchandise".

* C'est lui que l'on devrait mettre en cage ! *

Leon se fraya un chemin parmi les cages. Il essayait de conserver son calme, mais voir ainsi ces pauvres créatures le rendait désespérément triste. Cette tristesse pouvait se lire sur son visage.
Tandis qu'il jetait un coup d'oeil à gauche puis à droite, son attention fut attirée par une jeune Neko qui devait sans doute avoir le même âge que lui. Elle semblait perdue dans ses pensées.
Leon tomba tout de suite sous le charme.

Il se baissa et fit signe à Mei. Un sourire malicieux ornait désormais ses lèvres.

" Bonjour... " dit-il timidement. " Je m'appelle Leon. Quel est ton nom ? "

Leon remarqua que Mei n'était pas seule dans sa cage. Son "colocataire " semblait d'une humeur massacrante et il craignait qu'il ne décide de s'en prendre à la jeune fille.
Mei semblait vraiment dans le désespoir le plus profond. La voir ainsi nouait le coeur de Leon. Il se pencha un peu plus et sourit davantage à Mei.

" Enchanté, Mei. "

Le gérant, qui avait remarqué l'intérêt du jeune homme pour l'une de ses " marchandises " s'empressa de retrouver son client. Toujours avec son sourire forcé de commerçant, il s'adressa à Leon en jetant de temps en temps des regards noirs à la pauvre jeune fille enfermée.

" Elle vous plait ? Elle est expérimentée. Elle a eu de nombreux maîtres avant d'atterrir ici. "

Leon ne semblait pas vraiment prendre part au discours du gérant. Il souriait toujours à Mei. Il passa sa main à travers les barreaux et prit la main de la jeune Neko dans la sienne. Leon s'approcha un peu plus de la cage et chuchota quelque chose à la jeune fille :

" Ne t'en fais pas... "

" Alors ? Intéressé ? " fit le gérant un donnant un léger coup de coude à Leon.

Le jeune garçon soupira. Au fond de lui, il savait qu'il ne serait pas intéressé par un autre Neko. Même s'il avait envie de libérer toutes ces pauvres créatures, il ne le pouvait pas. En revanche, il pouvait tout de même faire le bonheur de l'une d'entre elle.
Leon se pencha encore une fois :

" Voudrais-tu partir avec moi ? " dit-il à voix basse à la jeune fille.

Même s'il était certain que son choix ne pouvait se porter sur un autre Neko, il avait préféré demander son avis à Mei. En y repensait, Leon avait été quelque peu stupide de poser cette question à la jeune fille ; étant donné ses conditions de vie, elle ne pouvait qu'accepter une telle offre.
Maintenant qu'il y pensait, Leon se souvint que de nombreuses personnes employaient des comportements tyranniques avec leurs Nekos, chose qu'il ne ferait jamais.

A dire vrai, si Leon avait choisi d'adopter un Neko, c'était avant tout pour combler un certain manque dans sa vie. Il ne cherchait un domestique fidèle et entière dévoué. Ce qu'il cherchait en réalité, c'était un ami...
Tout ceci était vraiment paradoxal. Leon avait un caractère propice à l'amitié, mais malheureusement, il ne possédait pas beaucoup d'amis.

" Bien ! Je crois que mon choix est fait ! " fit-il, tout sourire.

" Je dirais même plus qu'il s'agit là d'un excellent choix ! "

Le gérant avait décidément le don d'énerver Leon de part son attitude hypocrite.

Après avoir réglé les formalités de bases, les deux hommes revinrent près de la cage de la jeune fille. Le gérant sortit son trousseau de clef de sa poche et ouvrit l'enclos en faisant attention de ne faire sortir que Mei.
Leon assista ensuite à une scène qui le dépassa au plus haut point : alors qui s'apprêtait à partir avec la jeune fille, le gérant accrocha un collier autour du cou de cette dernière. Leon voulut protester, mais il se dit qu'il valait mieux attendre d'être dehors pour le lui enlever. Après tout, il était inutile de chercher les ennuis.

" Voilà ! En vous remerciant et en vous souhaitant une bonne fin de journée ! "

Il ne prit pas la peine de remercier ni même de saluer le gérant.
Leon et Meil se retrouvaient maintenant l'un en face de l'autre sur le trottoir, dehors, à l'air libre. La pluie s'était arrêtée, et quelques rayons de soleils perçaient la couche imposante de nuages. Néanmoins, il faisait tout de même froid.

" Eh bien... Voilà... "

Le jeune garçon, voyant qu'elle était légèrement vêtue, retira sa veste et la passa sur les épaules de Mei avant de lui retirer son collier.

La réaction de la jeune fille surprit quelque peu Leon. Elle insistait pour porter sa laisse et son collier, chose que le jeune garçon ne pouvait supporter.

" Hors de question que je te laisse cette horrible chose autour du cou ! "

Leon soupira avant d'ajouter :

" Tu n'es pas mon domestique. A partir de maintenant, tu es mon amie. " fit-il en souriant.

Il prit la main de Mei et la serra dans la sienne. Il voulait à tout prix lui montrer qu'elle ne serait pas considérée comme une esclave avec lui. Mais la réaction de la jeune fille soulignait le fait qu'elle ait été considérée comme telle avec ses anciens maîtres. Leon désirait absolument lui ôter cette idée de la tête.

" Ecoute, il ne faut pas croire que je t'ai... " Il hésita quelques secondes, puis reprit : " Il ne faut pas croire queje t'ai acheté dans le but de me servir. C'est juste que... J'ai besoin de compagnie, c'est tout. "

Le ciel semblait grandement intéressée la jeune fille. Après tout, cela devait faire un bout de temps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de le contempler. Les lèvres de Leon s'ornèrent de son fameux sourire si malicieux qui le rendait si charmant.

" Tu peux m'appeler Leon... Ce n'est pas à moi de décidé comment tu souhaites m'appeler. Mais je te supplie de ne pas m'appeler maître, car je ne le suis pas... "

Sur ces mots, il entraîna Mei en direction de son appartement qui se trouvait non loin d'ici.